« Lou Pan d’ici », c’est le nom de la baguette 100 % locale qui a vu le jour en Provence en 2018. Élaborée de A à Z dans la région Sud, elle provient de farine issue de blé tendre produit par des agriculteurs intégrés à cette filière. « Nous avons semé 8 ha de blé tendre il y a trois ans, puis 10 ha en 2020, et nous grimpons à 25 ha, cette année. », expose Denis Vernet, l’un des 4 associés du Gaec des Fabres à Montagnac (04) qui ont décidé de se lancer dans l’aventure. Pour cette exploitation de 280 ha, qui cultive majoritairement des plantes aromatiques et à parfum ainsi que du blé dur, le grain tendre constitue une source de diversification supplémentaire après la lentille et le pois chiche introduites en 2018.
Intérêt technique
« Avec les légumineuses, le blé tendre a un intérêt technique dans notre assolement, souligne Denis Vernet. Il nous permet d’allonger d’un an la rotation de nos cultures entre deux lavandins, soit six ans au total. Jusque-là, nous tournions vite en rond entre les plantes à parfum et le blé dur. » « Nous l’avons mis en place mi-octobre après un lavandin, précise-t-il. Nous positionnerons ensuite une lentille ou un pois chiche, puis un blé dur qui sera suivi d’une plante aromatique, sauge ou fenouil. Nous enchaînerons avec un blé dur et un blé tendre. Lequel se développe bien après un blé dur. » Dès qu’il en a la possibilité, l’agriculteur cale en automne un couvert végétal entre les cultures de lavandins.
Semé courant octobre, le blé tendre est récolté mi-juillet. Denis Vernet a choisi la variété RGT Monte Carlo, conseillée par sa coopérative DuranSia auprès de laquelle il commercialise sa production céréalière. S’il n’a jamais misé sur le blé tendre, c’est à cause du rendement peu élevé en condition méditerranéenne. La mise en place de la filière locale « Lou Pan d’ici » a changé la donne. Le prix de vente de la baguette a été calculée pour assurer un revenu équitable à l’agriculteur. La coopérative rémunère le blé tendre 30 €/t au-dessus du cours du marché, soit 190 €/t pour la récolte 2021. Pour 2022, il n'y a pas de plus value car le cours du blé tendre est exceptionnellement haut.
Le blé dur reste toutefois mieux valorisé, 210 €/t en moyenne. Mais, son rendement est moindre : 50 à 55 q/ha en moyenne suivant les années, soit un écart de 10 q/ha avec le blé tendre qui produit entre 60 et 65 q/ha sur les parcelles du Gaec. La culture est aussi plus économe en azote. « Nous apportons 20 à 30 unités de moins pour 60 q/ha visés », précise Denis Vernet.
Selon lui, les filières locales sont porteuses d’avenir. Ses lentilles et ses pois chiches suivent d’ailleurs ce modèle. Ils sont commercialisés par sa coopérative à la marque Les Fermiers de Provence en circuit court.