« Lorsqu’on regarde les variétés de pois protéagineux semées par les agriculteurs, on constate une part encore importante de variétés anciennes, remarque Bastien Remurier, ingénieur développement et référent protéagineux Zone Nord-Est chez Terres Inovia. C’est dommage car ces dernières années, le nombre de variétés nouvellement inscrites a augmenté, et ces nouvelles variétés apportent un progrès génétique significatif. » Et même si l’année 2022 n’a pas été propice à l’obtention de rendements élevés, notamment en pois de printemps, il estime que des variétés récemment inscrites ont exprimé dans les essais Terres Inovia, un potentiel de rendement supérieur aux variétés plus anciennes.
Comme le souligne l’institut technique dans la synthèse de ses essais pois de printemps cette année, les rendements des variétés les plus anciennes Kayanne (rendement moyen 37,3 q/ha) et Karpate (38,8 q/ha) sont en retrait par rapport à des variétés inscrites ces trois dernières années comme Perceval, Symbios, Batist, Skol ou Kaplan avec un rendement moyen qui varie de 39,7 q/ha à 42,1 q/ha selon les variétés. Dit autrement, le choix des meilleures variétés fait gagner en moyenne de 2,5 q/ha à 5 q/ha en 2022 par rapport à la référence Kayanne.
« On peut faire le même constat avec les pois d’hiver, précise Bastien Remurier. On constate également une hausse du PMG et en moyenne de 0,5 à 1 point de taux de protéines par rapport à il y a quelques années. La tenue de tige s’est aussi fortement améliorée, et aujourd’hui, on récolte des pois debout ».
Tolérance au froid et aux maladies
« La tolérance au froid des variétés d’hiver a également progressé, indique-t-il. Et des variétés comme Fresnel, Casini et Furtif sont moins sensibles au gel que les anciennes variétés ». Il en est de même de la tolérance à la bactériose, qui peut être un frein au développement de la culture. Les variétés récentes, Casini, Faquir et Paddle semblent aussi moins sensibles à cette maladie. Pour Bastien Remurier, le fait de disposer aujourd’hui de variétés plus tolérantes au froid et à la bactériose permet d’envisager beaucoup plus sereinement, le semis de pois d’hiver dans des régions comme le nord-est de la France.
En pois de printemps, les travaux de sélection engagés depuis une vingtaine d’années en matière de tolérance à Aphanomyces, commencent aussi à porter leurs fruits. Trois variétés ont été inscrites récemment avec une note de 3 sur une échelle de préservation du rendement de 1(nulle) à 9 (très bonne). « Il s’agit de Poseidon d’Agri-Obtentions, ainsi que Kagnotte et Karacter de KWS Momont, précice-t-il. Le gain apporté par ces variétés reste insuffisant pour qu’elles soient cultivées dans des parcelles moyennement à fortement contaminées. En revanche, elles présentent un intérêt pour sécuriser les rendements dans les parcelles faiblement contaminées ». Des travaux de screening sont également effectués pour identifier les variétés avec un meilleur comportement vis-à-vis du botrytis et de l’ascochytose, (anciennement appelée anthracnose).