Installé au Pin, dans les Deux-Sèvres, Mickaël Fuzeau ne tarit pas d'éloge sur le chanvre. Il cultive 105 ha, en parallèle de l'élevage de 9 000 couples de pigeons. Les deux ateliers sont séparés, pour des questions de gestion du risque et d'agronomie, les pigeons ayant surtout besoin de maïs. Outre 10 ha de prairies fixes, sur des zones non cultivables, l'agriculteur produit du blé (40 ha pour la campagne de 2022-2023), du chanvre (15 ha), du maïs (10 ha), du sarrasin (10 ha), du colza (10 ha) et du tournesol (10 ha).

« J'ai décidé de faire du chanvre quand je me suis installé en 2014, explique Mickaël Fuzeau. Je cherchais une culture pour diversifier ma rotation, et la Cavac me l'a proposé ». La coopérative valorise le chanvre dans son usine de Sainte-Gemme-la-Plaine, en Vendée, et cherche toujours des producteurs.

Structuration du sol

« Je gagne entre 5 et 10 quintaux sur mon blé derrière, sans rien faire de plus », se réjouit Mickaël Fuzeau, grâce à l'impact sur la structuration du sol. « L'implantation du chanvre est très profonde, donc l'eau s'infiltre mieux dans le sol. Ainsi le blé pousse davantage en hiver. Et en cas de printemps sec, si le blé est enraciné plus profond, c'est plus facile de se nourrir ». Si le gain est difficile à chiffrer, il estime économiser des passages de travail du sol tout au long de sa rotation. L'agriculteur voit aussi un impact sur le salissement : « Le chanvre pousse très vite, les adventices sont étouffées ».

Du côté du carbone, il fait part d'un stockage de 15 t/ha/an. « C'est un super précédent. J'ai l'habitude de dire que c'est ma prairie », compare Mickaël Fuzeau. Il insère le chanvre entre deux blés, avec un semis autour du 20 avril. Cette année, l'agriculteur a détruit son couvert un mois avant, après un apport de 15 m3 de digestat.

Les années précédentes, cette fertilisation avait été faite sous forme de fumier de pigeon et canard (7-8 t/ha). Il passe ensuite avec un déchaumeur à disque, « pour bien décompacter. Si besoin, je ne m'interdis pas de labourer. Le chanvre fait un très bon travail de structuration du sol, mais il n'aime pas les sols tassés ». Un apport d'ammonitrate 33 est réalisé avant semis puis roulage, à raison de 100 kg/ha.

Zéro phyto

Ensuite, aucune intervention n'est à faire jusqu'à la récolte, déclenchée par la Cavac en août, et réalisée par un entrepreneur. Après la coupe, Mickaël Fuzeau fane dans les 24 heures, et laisse rouir jusqu'au 20 septembre environ. Le rouissage, grâce à l'action des micro-organismes du sol et de l'eau, permet de séparer les fibres et le bois (chènevotte), et assouplit les fibres.

Une ETA intervient ensuite pour le bottelage. Pour la première fois, Mickaël Fuzeau stocke chez lui en attendant que l'usine récupère le chanvre, selon ses besoins, dans l'année. En 2022 , une grêle post-semis, ayant tassé le sol, suivi d'un été sec ont sérieusement impacté son rendement : 5 t/ha, contre 9,5 t/ha en général, et jusqu'à 13 t/ha en 2017.

Le chiffre moyen pour les adhérents Cavac étant de 6,5 t/ha. « Le chanvre aime les terrains profonds, c'est pour ça qu'ici nous avons de bons rendements », fait part Mickaël Fuzeau. ceux-ci dépendent de la hauteur de la tige, de son remplissage et du nombre de pieds.