Dès son installation en 2016, Quentin Le Guillous a opté pour les techniques culturales simplifiées. « Si mon père, également agriculteur sur la commune avec qui je partage le matériel, a eu en son temps des déboires avec le semis direct, je me suis lancé il y a deux ans, précise-t-il. Mais de mon côté, j’ai intégré des couverts, alors qu’à l’époque mon père, non. »
Meilleure efficience en eau
Étant dans des sols limono-argileux à silex, le semis direct permet de limiter l’usure des pièces. Quentin change tout au plus les pointes du semoir Horsch CO tous les deux ans. C’est pour lui aussi un gain de temps mais aussi de carburant avec en moyenne 55-60 l/ha toutes interventions et cultures confondues.

« C’est loin d’être négligeable. Toutefois, l’aspect biodiversité du sol est également important. En agriculture de conservation, l’infiltration de l’eau est favorisée et il y a moins d’érosion et la vie du sol est améliorée. En outre, grâce à la couverture permanente, il y a plus de matière organique et le sol garde davantage d’humidité », indique l’agriculteur.
Les analyses montrent des taux de matière organique en hausse. « En moyenne, je suis à 2,6 % de matière organique. Une de mes parcelles n’était qu’à 1,5 % à la reprise et est désormais à 1,8 % mais mon objectif est de tendre vers les 3 %, même si cela prend du temps », complète-t-il.
« Comparativement à un système avec labour, j’ai des rendements similaires sans utiliser plus de phytos mais avec moins de carburant, d’usure de matériel et un gain de temps. »
Derrière blé et avant escourgeon, les couverts sont semés avec le Horsch, qui à l’aide de dents fines, ne bouleversent pas le sol. L’exploitant a fait le choix d’un mélange multi-espèces, qui permet en fonction des conditions climatiques que certaines prennent le relais quand d’autres sont en difficulté. On y retrouve notamment : de la moutarde, qui s’implante facilement et fait pas mal de biomasse ; du sarrasin, qui présente un système racinaire intéressant et une allélopathie vis-à-vis de certaines adventices ; du tournesol, qui relargue le phosphore du sol ; des légumineuses (pois, fenugrec, crotalaire) qui captent l’azote de l’air puis le restitue ; etc. Tournesol, moutarde et sarrasin attirent de plus les insectes pollinisateurs à une période où il y a souvent peu de ressources dans la plaine.

« Tous les ans, nous modifions la proportion et les espèces qui le composent en fonction des résultats de l’année précédente. Ainsi, l’an prochain je ne mettrai certainement pas du nyger, ni de crotalaire, qui n’ont pas levé alors que ce sont normalement des couverts adaptés aux conditions sèches », signale Quentin Le Guillous.
Avec glyphosate
Ensuite, l’orge est semée dans le couvert juste après ou avant une petite dose de glyphosate, selon la densité du couvert et le salissement de la parcelle. « Si demain cette molécule est interdite, il faudra envisager l’achat d’un rouleau Faca. Toutefois, il restera certainement des adventices et j’ai peur de devoir utiliser d’autres produits en grandes quantités, à des prix plus élevés et avec une moindre efficacité », s’inquiète Quentin.
Après colza, les cannes sont broyées et les repousses laissées d’autant plus que la crucifère est parfois semée avec des plantes associées (fenugrec, trèfle blanc nain et lotier). Ces deux dernières espèces constituent alors un couvert permanent. Toutefois, l’agriculteur se laisse la possibilité de le « calmer » avec une faible dose d’herbicide, voire de le détruire, en fonction du contexte. « Je reste vigilant car il peut être trop concurrentiel vis-à-vis de l’eau et être à l’origine de grosses pertes de rendement », note-t-il.
Pour les cultures de printemps telle que l’orge et le sorgho, Quentin opte pour de la féverole et un peu de moutarde, détruites par roulages successifs éventuellement un passage de glyphosate + 2,4 D. Quant aux couverts qui précèdent pois et féverole d’hiver, ils sont composés de seigle, avoine et sorgho. Mais des années sèches comme celles-ci, il laisse les repousses de céréales. « L’été, je manque aussi parfois de temps », admet l’exploitant, qui souhaite à l’avenir encore améliorer la gestion des couverts.