Fast pour « Faisabilité et évaluation de systèmes de culture économes en pesticides en l’absence répétée de semences traitées » est un projet Dephy Expé lancé en 2019 qui doit prendre fin en 2024. "Il a notamment pour objet de répondre à des agriculteurs de groupes Dephy du Grand Est qui se demandaient quels risques ils encouraient à arrêter les traitements de semences », informe Véronique Laudinot, animatrice Ecophyto à la chambre régionale Grand Est.

Parfois, certaines années, par manque de disponibilité, des semences fermières non traitées avaient déjà été utilisées sur de petites surfaces et sans problème particulier. Mais en dehors des agriculteurs bios, il n’y avait aucune référence, d’autant que le traitement des semences demeure une pratique quasi systématique, même en fermières.

Par ailleurs, si le respect des bonnes pratiques est appliqué pour les autres types de produits phytos, en traitements de semences, il ressort qu’il y a encore beaucoup de manipulations sans équipements de protection individuelle.

Même résultat

Ainsi, sur une trentaine de parcelles d’agriculteurs (voir témoignage) la dynamique de levée, le rendement et ses composantes, la qualité, etc. ont été suivis pour plusieurs espèces (blé, maïs, orge, colza, tournesol, pois, betterave…). Le terrain est scindé en deux avec d’un côté des semences traitées, de l’autre non traitées. Les systèmes de culture combinent aussi différents leviers agronomiques.

Jusqu’à 2021, les résultats n’ont pratiquement jamais décroché en rendement. Seul, l’anti-piétin échaudage (Latitude XL) en blé sur blé a montré un gain. Parallèlement, les IFT n’ont pas augmenté. Sur trois ans, il n’y a pas non plus eu de dérive de qualité d’un point de vue carie sur blé, la culture qui revient le plus souvent dans la rotation. « Pour cela, nous avons mis en place une règle de décision stricte avec des analyses de récolte avant l’emploi de semences fermières de blé », ajoute l’animatrice. En présence de la maladie, mais sous le seuil de 100 spores/g, elles sont traitées au vinaigre. Au-delà, le lot n'est pas utilisé et des semences certifiées non traitées (ou avec un traitement thermique) sont employées.

Dans le cadre de ce programme de recherche, l’Inrae mesure aussi l’impact de cette pratique sur la fertilité biologique des sols. Mais pour l’instant, il n'a pas été mis en évidence de grosses différences, d’autant qu’il y a eu de fortes variabilités de conditions entre années. Sur la macrofaune, un bilan sera réalisé en 2023.