Sur les coteaux du Gers, du côté de Masseube, la CACG (Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne) et ses partenaires (1) déploient, jusqu’en 2022, le projet TASCII. Débutés au printemps 2019, les premiers essais ont pris place sur 7 ha, à la ferme de la Mirandette, exploitation de la CACG sur laquelle sont comparées les performances agronomiques de différentes modalités de systèmes de cultures irriguées innovants (SCII). Les combinaisons croisent trois techniques de travail du sol - techniques culturales simplifiées (TCS), semis direct (SD) et labour - et trois systèmes d’irrigation - couverture intégrale, aspersion par canon enrouleur et goutte-à-goutte enterré. Est également prise en compte la satisfaction hydrique de la culture, à 80 ou 100 % de ses besoins, comparée au régime pluvial. Afin de mieux piloter les apports d’eau, les parcelles sont équipées d’une station météo et de stations tensiométriques.
Trois techniques de travail du sol
À la Mirandette, les résultats intermédiaires de 2019, sur le maïs grain en récolte mécanique, montrent quatre niveaux de production. Le plus bas, à moins de 80 q/ha, est obtenu sur les parcelles non irriguées. Vient ensuite, avec 120 q/ha, le SD irrigué en goutte-à-goutte à 80 % de l’ETM (évapotranspiration maximale). Le niveau 3, à 140 q/ha, est atteint par les cultures en SD irriguées à 80 ou 100 % par canon enrouleur et par la parcelle en TCS à 80 % ETM. En haut de l’échelle, la parcelle en TCS irriguée à 100 % par canon enrouleur affiche 170 q/ha. La meilleure productivité de l’eau d’irrigation, en kilos de grains produits par mètre carré d’eau apportée, est enregistrée sur la modalité SD irriguée à 80 % par canon enrouleur. Les itinéraires en SD ont permis d’économiser jusqu’à 300 €/ha sur les travaux du sol, 30 % de temps de travail, et de réaliser les marges directes les plus intéressantes. « En 2020, les rendements en TCS ou en SD sont globalement inférieurs à 2019, confie Christophe Bonillo, responsable de la ferme. Mais en ce qui concerne les différences de performances selon les itinéraires techniques, nous observons les mêmes variations que l’année dernière. »
Cinq agriculteurs pilotes
La deuxième phase du projet TASCII, en 2020, est une coconstruction d’essais chez cinq agriculteurs volontaires et deux experts, qui expérimentent les SCII dans des contextes différents. « Leurs objectifs sont variés, note Cyrielle Mazaleyrat, coordinatrice de l’étude pour la CACG. Ils cherchent une diminution de l’érosion, de la battance et du salissement de leurs sols, mais aussi une augmentation de la fertilité et de la vie du sol. Et ils souhaitent maintenir leurs résultats économiques. »
Mathieu Cazeneuve, à Idrac-Respaillès, a testé cette année le maïs en SD sous résidu de culture. Il veut maintenir ses rendements, améliorer la vie de son sol et en limiter la battance. Sur ce dernier point, la région ayant subi de grosses pluies, il a pu observer une véritable amélioration comparée à sa parcelle témoin labourée. « J’ai aussi semé des rangs avec seulement 40 cm d’écart, afin que la végétation se referme rapidement sur l’interrang et ne laisse pas de place aux mauvaises herbes, ce qui a bien fonctionné, explique-t-il. Par ailleurs, en SD, la consommation d’eau est plus efficiente, j’ai gagné un tour d’eau. »
Plus expérimenté, Jean-Philippe Lescure, à Durban, après avoir testé pendant cinq ans une parcelle en SD sous couvert, applique cette technique à toutes ses cultures, en majorité sur terres vallonées. « Le plus compliqué a été de choisir les couverts végétaux, car les mélanges tout prêts et coûteux contenaient des variétés non adaptées, témoigne-t-il. Il m’a fallu trouver les bonnes variétés et formules d’azote. »
Améliorations possibles
Les premiers enseignements de TASCII montrent trois points d’amélioration possibles. Tout d’abord, la nécessité de trouver des solutions pour obtenir la densité souhaitée de plants en semis direct, pour ne plus avoir de manquants. De plus, en l’absence d’herbicide, la destruction mécanique des couverts sans travail du sol, comme avec les rouleaux qui écrasent la plante à l’avant et permettent de semer en même temps à l’arrière, semble une bonne piste. Enfin, il faudra démocratiser l’utilisation du tensiomètre pour un meilleur pilotage de l’irrigation en temps réel. F. Jacquemoud
(1) Agence de l’eau Adour-Garonne et conseil régional d’Occitanie pour les financements, Inrae, G-Eau, Cirad.