Encouragée par le plan de relance avec le programme « Plantons des haies » (50 M€ octroyés), la mise en place des haies connaît un réel engouement. La période de repos végétatif, jusqu’à début mars, est propice à l’installation de ces linéaires. À la fin de l’été, le terrain a été préalablement sous-solé sur un minimum de 50 cm de profondeur et une largeur de 2,5 m, puis labouré et débarrassé de la végétation herbacée. En sol non compacté, il est possible de se dispenser de ces travaux préparatoires en étalant une épaisse couche de bois raméal fragmenté.

Un réel engouement

« Les haies possèdent de multiples fonctions, paysagères, anti-érosion, protectrices des troupeaux et des cultures », déclare Sylvie Monier, de la Mission haies Auvergne-Rhône-Alpes. Depuis quelques années, de nouveaux sujets émergent, comme la rétention d’eau dans les bassins versants ou l’effet antidérive de poussières et de phytos vis-à-vis du voisinage. Selon elle, « avant toute installation, il faut se poser la question du but recherché et avoir une bonne connaissance du terrain. Par exemple, il est toujours bon de regarder la végétation environnante afin de retenir des espèces adaptées à l’altitude, au climat et bien sûr au type de sol. »

Protéger cultures et bâtiments

Perpendiculaire aux vents dominants, la haie brise-vent associe arbres et arbustes feuillus intercalés. Composée de cinq à vingt espèces afin d’assurer bon garnissage, esthétique, résistance aux maladies et intérêt écologique, elle peut ralentir le vent sur une distance égale à vingt fois sa hauteur, soit une distance de 100 m pour une haie de 5 m. Elle abrite également une multitude d’auxiliaires des cultures : insectes, reptiles et petits mammifères. À proximité des bâtiments de ferme, une haie bien conçue va habiller les espaces perdus, agrémenter l’ensemble et protéger vis-à-vis des vents dominants. Elle offre aussi de l’ombre aux animaux et aux véhicules d’exploitation. « Chaque fois que c’est possible, il faut retenir des plants d’un an issus d’une pépinière forestière qui vend des arbres labellisés “Végétal local”, recommande Sylvie Monier. Le taux de reprise est de 90 % pour un coût limité à 1-2 €/pièce. »

Espacés d’1 à 1,5 m sur deux rangs en quinconce et sur une largeur de 2 à 3 m, les plants sont installés sur un paillage à base de paille ou de copeaux de bois d’une quinzaine de centimètres d’épaisseur. Ce matelas organique favorise la vie du sol, préserve l’humidité et évite la concurrence herbacée. « Le jour de la plantation, les scions racines nues, préa­lablement disposés dans une brouette­ par séquence de plantation, sont sortis au dernier moment de leur jauge afin de limiter l’exposition des racines au vent, poursuit Sylvie Monier. Ces dernières sont “rafraîchies” au sécateur avant d’être pralinées dans un mélange de bouse de vache, de terre et d’eau, à proportion d’un tiers de chaque. L’idéal est de travailler par deux : un qui fait les trous, suivi de son collègue qui plante et rebouche. Les plantations par temps de gel, de vent fort ou sur terrain détrempé sont à proscrire. »

Souvent présents en plaine, les petits rongeurs et les chevreuils obligent à protéger systématiquement les plants à l’aide de filets en maille plastique. Il faut compter sur une hauteur de 60 cm pour les lièvres, le double pour les chevreuils.

vincent thècle