Souvent situées dans des parcelles à faible potentiel, pentues, de petites tailles, en sols caillouteux ou hydromorphes… les jachères ne sont pas toutes de bonnes candidates à la remise en culture de printemps (hors chanvre industriel) (1). « Au vu du coût en temps et en GNR, il faut être vigilant avant de décider de remettre en production », alerte Florent Blais, du service agronomique de la chambre d’agriculture de la Vienne. La disponibilité en semences est aussi un facteur à prendre en compte avant de se lancer.

Lit de semences correct

« L’investissement en semences de tournesol est de 100 à 110 euros/ha. C’est plus cher qu’un couvert, donc autant bien réussir », lance Vincent Lecomte, chargé d’études technico-économiques chez Terres Inovia. La culture nécessite notamment un lit de semences bien préparé. En sol limoneux, un labour est possible, mais en sol argileux, mieux vaut appliquer du glyphosate puis passer un outil mécanique, sur une profondeur de 15 cm, pour éliminer les chiendents et les graminées. « Un broyage du couvert peut être réalisé, surtout s’il y a beaucoup de biomasse, suivi du passage d’un outil à dents de type chisel, afin d’ameublir et de mélanger l’horizon de surface », détaille Vincent Lecomte. Ce travail sera combiné avec un outil animé pour affiner les mottes.

Le semis sera effectué avec un semoir monograine pour une meilleure régularité de levée, en choisissant des variétés avec la bonne précocité. Le taux de levée sera plus faible que la moyenne, aussi la densité de semis en conditions difficiles devra atteindre 75 000 graines/ha.

« Il faut aussi veiller à une bonne protection contre les limaces, avec de l’orthophosphate de fer ou du métaldéhyde, et contre les taupins, avec un microgranulé insecticide de type Belem », conseille Vincent Lecomte. Le taupin n’appréciant pas les sols rappuyés, un roulage est préconisé dès que possible. Attention aussi aux dégâts d’oiseaux.

Base antigraminées solide

Les plantes présentes dans la jachère sont souvent plus ou moins bien déracinées, et il existe un stock grainier important et une flore diversifiée (graminées hivernales et estivales ainsi que du chardon). Pour le désherbage du tournesol, « il faut donc avoir une base antigraminées correcte », explique Franck Du­roueix, responsable de l’évaluation des intrants chez Terres Inovia. Il recommande ainsi l’application d’une base racinaire en prélevée avec Mercantor Gold ou Dakota-P. Elle peut être suivie de Challenge (3 l/ha), de Racer ME (2 l/ha minimum), de Proman (2,5 l/ha), ou en postlevée d’imazamox (Pulsar 40) ou d’Express SX (sur variétés tolérantes, mais attention aux disponibilités) pour avoir un spectre large, sur chardon par exemple.

Du côté de la fertilisation, dans la situation d’un couvert installé avec des légumineuses, les reliquats ne seront pas faibles, mais un apport d’une quarantaine d’unités d’azote est conseillé en absence d’informations précises, de préférence autour du stade 8-10 feuilles. Ce sera mieux assimilé surtout si des pluies sont annoncées.

Isabelle Escoffier

(1) Lire notre dossier en page 45.

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