Il y a trois ans, Julien Baduraux, agriculteur à Villers-le-Rond, tout au nord de la Meurthe-et-Moselle, a fait établir une carte d’hétérogénéité de ses sols, qui a débouché sur une carte de potentiel pour ses cultures. Cette démarche dite « be Api » entre dans le cadre du développement de l’agriculture de précision. Elle est proposée par sa coopérative EMC2.
Dix-huit profils pédologiques
L’exploitant révèle en être très satisfait : « Dix-huit profils pédologiques ont été réalisés, puis 135 analyses de sol. J’ai découvert mon exploitation, avec des surprises sur la profondeur de la roche à certains endroits ou sur les teneurs en minéraux qui varient beaucoup. Le coût de ce diagnostic est de 150 € par hectare et il est valable dix ans. Cela s’amortit comme du matériel. Le pilotage des engrais est optimisé. Je ne mets quasiment plus de potasse alors que j’en épandais systématiquement. J’utilise davantage de phosphore. En revanche, n’étant pas encore équipé d’un semoir qui le permet, je ne peux pas appliquer la modulation aux doses de semences. »
Plus attentif
Julien s’est installé en 2004. L’exploitation compte 117 ha, uniquement en cultures. Ce sont les fortes gelées de février 2012 qui l’ont incité à faire évoluer ses pratiques. De même que la problématique sur les vulpins. « J’étais sur la traditionnelle rotation colza-blé-orge, mais avec le gel, j’ai dû retourner beaucoup de parcelles et implanter des cultures de printemps. C’est là que j’ai noté leur intérêt pour maîtriser les adventices. C’est plus compliqué en termes de matériel, de logistique, néanmoins c’est la condition pour que mon système tienne dans le temps, ma structure étant plutôt petite par rapport à celles du secteur », indique l’agriculteur. Depuis plusieurs années, il pratique une rotation longue, sur six ans : colza, blé, maïs, pois ou féverole, blé, orge d’hiver ou de printemps. Le maïs est vendu sur pied à un éleveur voisin.
Il y a sept ans, Julien achète un pulvérisateur (en association avec son voisin) qui lui permet de commencer à travailler sur la réduction des doses d’azote. Puis il intègre le groupe Ecophyto de sa coop il y a cinq ans. « J’ai appliqué à la lettre l’objectif de réduction sur la parcelle-test, explique-t-il. Je me suis rendu compte que ça fonctionnait bien. Du coup, j’ai étendu progressivement certaines stratégies Ecophyto, celles qui étaient pertinentes, à toute ma surface. Cela m’oblige à être plus attentif, à me former sur les maladies. Je fais beaucoup moins de systématique. Sur le blé, j’ai parfois quatre programmes herbicides différents. »
L’IFT (1) total de l’exploitation est passé de 4,61 en 2018 à 3,08 en 2021 (IFT de référence pour la certification HVE niveau 3 en Lorraine : 5,03). L’agriculteur insiste : « Je raisonne de façon globale à l’échelle d’une rotation complète et je suis dans une agriculture qui ne gaspille plus. » Dominique Péronne
(1) Indicateur de fréquence de traitements.(2) Haute valeur environnementale.
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