D’un côté, des réfugiés afghans issus du monde agricole à la recherche d’une situation stable et, de l’autre, un besoin de main-d’œuvre en agriculture énorme en France. L’équation paraissait simple à résoudre.
Quand Pauline Vialaret, éducatrice spécialisée à Paris, reçoit en 2019 des Afghans en demande de soutien, elle crée avec Laludin Aftab, lui-même réfugié afghan depuis dix ans, l’association « Terre 2 cultures ». Tous deux décident de les orienter vers l’agriculture. « La plupart sont issus de ce milieu, raconte la trentenaire, fille d’un producteur de tabac du Tarn-et-Garonne. Certains étaient éleveurs, d’autres maraîchers… Des petites productions, mais tous présentaient un savoir-faire. Mon oncle, à la tête d’un groupement de producteurs de fruits et légumes, nous a mis en lien avec des agriculteurs à la recherche de salariés. »
Plus de 300 réfugiés ont depuis trouvé un emploi chez une quinzaine de producteurs du Sud-Ouest (CDI, CDD saisonnier…). Non sans mal. « Ce qui nous pose souvent un problème ne relève pas des réfugiés, mais des préjugés à l’égard du monde agricole. C’est fou. Certains maires et fondations ont refusé de nous soutenir parce que les agriculteurs n’étaient pas tous en bio ou “risquaient de les traiter en esclave” ! »
Le monde agricole solidaire
« Main-d’œuvre pas chère », « sale boulot », les critiques vont bon train. « Au niveau de l’embauche, c’est pourtant le même contrat que pour un salarié français. Installer un médecin étranger dans un désert médical paraît normal. Pour l’ouvrier agricole, c’est compliqué… Mais on y arrive. »
Les exploitants sont les principaux employeurs en France à avoir ouvert leurs portes aux réfugiés, « avec un accueil digne et chaleureux. Pourquoi ? Le langage de l’amour de la terre est universel et le monde agricole est très solidaire », note Pauline Viaralet, qui ne veut pas en rester là. Surtout active dans le sud-ouest de la France, « Terre 2 cultures » lance un appel aux agriculteurs de France en recherche de salariés.
Rosanne Aries