Dans les Landes, un entrepreneur d’épandage s’est équipé pour répondre aux nouvelles contraintes de lutte contre l’influenza aviaire.
Dans un objectif d’effort collectif de la filière, la FNEDT (1) a signé le 13 avril dernier, le pacte de lutte contre l’influenza aviaire et de relance de la filière foie gras.
La Fédération a proposé de construire une offre de travaux d’épandage de lisier en biosécurité, pour limiter toute propagation du virus liée à ce chantier. Les délais du calendrier d’épandage restent les mêmes Il est donc nécessaire de s’équiper et d’organiser son équipe au mieux. C’est le cas de l’ETA Junca, entreprise d’épandage dans le secteur sud-ouest, qui traite près de 140 000 m3 de lisier par an. Cette entreprise est une des premières à s’être équipée en vue de respecter les règles d’hygiène, et à avoir mis en place et en action un processus de nettoyage et désinfection des machines utilisées lors d’un chantier d’épandage. « J’ai transformé mes tonnes à lisier Pichon 21 m3 (auparavant utilisées pour l’épandage) en tonnes dédiées au transport du lisier de la fosse jusqu’à la parcelle cible », détaille Éric Junca.
Des méthodes de travail revues
Pour épandre sur la parcelle cible, deux automoteurs d’épandages Holmer TerraVariant, équipés d’un enfouisseur à disques de 6 m pour remplacer les tonnes. Les automoteurs sont équipés de systèmes d’autoguidage GPS, de cartographie d’épandage et de l’analyse au pompage afin d’assurer un dosage en volume ou en quantité d’azote automatique en fonction de la cartographie d’apports nécessaires. Il s’est aussi entouré d’une équipe de 18 personnes, afin de mettre en place une rotation pour assurer un service 24/24 heures, pour pouvoir tenir les délais de travail très courts.
Le processus de biosécurité est simple mais requiert un certain temps, il consiste en une simple désinfection à chaque phase de l’opération sur le chantier, puis un nettoyage complet entre chaque client.
De nombreuses désinfections
Tout d’abord, avant de commencer le chantier, les appareils doivent être nettoyés et désinfectés. Ensuite, les tonnes peuvent entrer dans le site où est située la fosse afin de commencer le pompage, ce dernier est effectué sans descendre du tracteur, grâce à une tourelle dirigée depuis le tracteur. Une fois la tonne remplie, la tourelle se vide et se replie dans un bac de façon que le lisier ne coule pas au sol, et puisse sortir du site après une nouvelle désinfection pour aller jusqu’à l’automoteur dans les champs. Sur la parcelle, l’automoteur récupère le lisier, lui aussi grâce à une tourelle guidée depuis la cabine. Là aussi, la tourelle se vide et se replie dans un bac. La tonne peut revenir sur le site de la fosse et repassera par une désinfection avant d’entrer. Ce cycle durera jusqu’à la fin de l’épandage chez un client. Lors de chaque changement de clients, il faudra en plus nettoyer et désinfecter l’automoteur d’épandage et son enfouisseur, afin de ne pas risquer une transmission du virus.
Le respect de ce pacte inclut des investissements conséquents pour les entrepreneurs, en matériel et en gestion du personnel. Ils sont nécessaires car le respect du pacte implique des temps de lavage des machines importants (environ 4 h pour un chantier de 350 ha). Le client subira les répercussions financières des investissements en voyant le prix de la prestation grimper d’environ 2 €/m3, pour atteindre autour de 6,50 €/m3.
Loris Coassin
(1) Fédération nationale des entrepreneurs de territoire.
Portique de désinfection. A chaque entrée et sortie de la tonne, doit correspondre un passage au travers du portique.
Enfouissement parfait. La parcelle ne laisse apparaître aucune trace de lisier, et les odeurs sont difficilement perceptibles.
Tassement moins important. La configuration en crabe permet de répartir le poids important de l’automoteur pour limiter son impact sur le sol.
De gros débits de chantier. L’organisation de l’ETA lui permet d’atteindre des débits de chantier de 160 m
Un nettoyage problématique
Le nettoyage lors de la fin des chantiers sur les sites des clients est compliqué. Deux choix s’offrent à l’entreprise. Le premier est la mise en place d’une unité mobile dédiée au nettoyage, ce qui nécessite d’investir dans un camion , un nettoyeur haute pression et un employé supplémentaire. Soit d’utiliser le matériel du client qui ne dispose pas toujours de l’équipement adéquat. Dans le premier cas, l’investissement est conséquent mais garantit une utilisation du temps optimal. Pour la désinfection l’équipe peut être équipée de pulvérisateurs à dos si l’agriculteur ne dispose pas du portique.