« Tous les indicateurs de la puissance agricole française sont alarmants », estime un rapport sur la place de l’agriculture française sur les marchés mondiaux, présenté au Sénat, le 28 mai par le sénateur de Haute-Loire, Laurent Duplomb.

 

« La production française stagne alors que celle de ses concurrents augmente, l’excédent commercial agricole risque de disparaître, les importations de produits agricoles et alimentaires augmentent alors que leur respect des normes de production exigées en France n’est pas assuré », poursuit Laurent Duplomb.

 

Le rapport d’information rappelle que la France est toujours leader à l’échelle européenne avec une production agricole de 72,6 milliards d’euros, soit plus de 15 milliards de plus que l’Allemagne et l’Italie.

 

Mais il dresse un portrait alarmant de l’agriculture française. « L’évolution de ces deux indicateurs est très préoccupante », alerte Laurent Duplomb à propos du nombre d’agriculteurs et des surfaces agricoles. L’agriculture ne représente plus que 5,5 % de l’emploi contre 12 % en 1980. La surface dédiée à l’agriculture a diminué de 60 000 km² depuis 1961 soit l’équivalent de la surface de la Région Grand Est. Il ajoute que la production française de viande bovine baisse depuis 20 ans et celle de lait et de céréales stagne.

Une concurrence déloyale

Le rapport met en lumière le niveau des exportations françaises stable depuis 2011, alors que « la demande mondiale reste soutenue ». La France est désormais relayée au sixième rang des exportateurs mondiaux avec 4,5 % des parts de marché. Elle était au 3e rang en 2005. C’est le pays qui perdu le plus de parts de marché en 10 ans. (- 2 points).

 

Le rapport du Sénat identifie trois causes majeures à cette situation : une tendance à la surréglementation, notamment d’un point de vue environnemental, qui entraîne une perte de compétitivité des exploitations, une faible structuration des filières qui fragilise les industries agroalimentaires, ainsi qu’une spécialisation vers des produits haut de gamme « dont les possibilités de pénétration sur les marchés internationaux sont limitées ».

 

Laurent Duplomb pointe du doigt les importations alimentaires. Elles ont augmenté de 87 % depuis l’an 2000, « elles couvrent une part de plus en plus importante de l’alimentation des Français » et « il est difficile d’évaluer le taux de conformité des produits importés aux normes française ».

 

Dans son rapport il estime, en tenant compte des importations des pays tiers et de celles de produits de l’Union européenne, « qu’entre 10 et 25 % des produits importés ne respecteraient pas les normes minimales imposées aux producteurs français ».

Des défis à relever

Les sénateurs pointent du doigt la nécessité pour l’agriculture française de « reconquérir le marché national sans tomber dans le piège du haut de gamme », notamment par le marché de la restauration collective. Ils insistent : « l’enjeu est de conserver la diversité de l’agriculture française capable de couvrir toutes les gammes ». Ils soulignent que la France doit aussi conquérir de nouveaux marchés à l’export.