Sur 101 produits sous AOP (appellation d’origine protégée), quatre d’entre eux ont déjà obtenu des dérogations depuis juillet sur au moins un point du cahier des charges : le fromage Saint-Nectaire, le piment d’Espelette et deux vins de la région bordelaise, selon l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao).
Pour obtenir une modification temporaire sur un cahier des charges, deux motifs sont possibles : sanitaire ou climatique. « Une fois les justificatifs rassemblés, un comité les examine et s’assure que la modification demandée n’impactera pas la qualité du produit et soit mineure », explique Carole Ly, directrice par intérim de l’Inao.
L’élevage fragilisé
Toutes ces demandes de dérogations « en lien avec la sécheresse ont commencé à arriver en juillet, sept dossiers sont en cours d’évaluation et on sait que d’autres arriveront », poursuit Carole Ly.
Pour l’AOP Saint-Nectaire par exemple, les vaches doivent être nourries à l’herbe au moins 150 jours. Comme partout en France, l’herbe jaunie par le déficit hydrique a contraint les éleveurs à passer aux rations d’hiver. La dérogation obtenue leur permet d’abaisser le nombre de jours à l’herbe à 90 sans perdre l’appellation.
Les agneaux de Sisteron (Label Rouge et IGP) quant à eux, grossissent moins vite à cause de la baisse de la production d’herbe dont ils se nourrissent, mais leurs cahiers des charges imposent que chaque agneau pèse au moins 13 kilos à 150 jours.
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Arrêt de la production de Salers
Le cahier des charges du Salers prévoit que « 75 % de l’alimentation des animaux provienne de l’aire de production », précise Carole Ly, et que les vaches soient mises à l’herbe du 15 avril au 15 novembre. Étant dans l’impossibilité d’honorer ces conditions, l’ensemble des éleveurs a stoppé la production à la mi-août.
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Les éleveurs « sont depuis passés en AOP Cantal fermier, moins bien valorisé, mais dont le cahier des charges permet d’apporter des aliments complémentaires », explique Joël Piganiol, président de la FDSEA du Cantal.
Irrigation autorisée pour le piment d’Espelette
« Le cahier des charges [du piment d’Espelette] interdit d’irriguer du 15 juillet au 16 septembre pour créer un stress hydrique, mais à cause de la sécheresse, sans apport d’eau, rien n’aurait poussé. » Ainsi, les producteurs ont pu irriguer pour compenser les effets cumulés de la sécheresse et de la canicule, sans altérer pour autant la qualité, assure l’Inao.
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