La péninsule italienne compte 2,3 millions de sangliers et n’en chasse que 300 000 à 500 000 par an. Sans parler des dégâts routiers, les indemnisations pour les agriculteurs s’élèvent à 200 millions d’euros par an.

 

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Mêmes causes, mêmes conséquences

À titre de comparaison, en France la population est de 2 à 3 millions, 800 000 individus sont abattus chaque année et les dégâts aux cultures sont indemnisés à hauteur de 60 millions d’euros. Soit 20 sangliers italiens pour 100 hectares, contre 1,5 sanglier français.

 

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Les causes de la prolifération sont les mêmes partout en Europe : moins de chasseurs, l’exode rural favorisant l’ensauvagement des espaces, des grandes cultures source d’alimentation facile et des hivers doux qui favorisent l’abondance d’alimentation forestière.

 

La crise du Covid a accentué le phénomène (+ 15 % selon la Coldiretti, principal syndicat agricole), avec moins de chasses organisées et moins de présence humaine. En Italie comme en France, les sangliers n’ont plus peur de pénétrer les villes à la recherche d’ordures ménagères.

Exaspération

Les agriculteurs italiens n’en peuvent plus. Céréaliers, riziculteurs, arboriculteurs, maraîchers, vignerons, mais aussi éleveurs ont manifesté face à cette recrudescence et à sa gestion sporadique du phénomène.

 

Ils demandent, d’une part, un allongement de la période de chasse de septembre à janvier, voir février et, d’autre part, aspirent à une politique et une gestion nationale. Car les disparités régionales excèdent les agriculteurs, qui réclament que la procédure d’abattage à la suite de la constatation de dommages soit accélérée.

 

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Aujourd’hui, il faut signaler les dégâts avant qu’un technicien régional vienne les constater et donne l’autorisation d’organiser une battue, puis que l’agriculteur contacte lui-même des chasseurs habilités, avant que ces derniers ne passent à l’action, aux frais du paysan. « Ce qui prend au minimum une semaine », regrette Massimiliano Biagi, exploitant à Gaiole, dans le Chianti.

Solutions individuelles

« Les agriculteurs ayant un permis de chasser pourraient intervenir eux-mêmes, quand ils ont obtenu une autorisation préalable dans le cadre d’un plan de gestion départementale », suggère le professeur Stefano Masini, responsable environnement à la Coldiretti.

 

À défaut de gestion collective du phénomène, certains cherchent des solutions individuelles de défense. Massimiliano Biagi expérimente pour les cultures pérennes un système d’ultrasons. Un pylône alimenté par panneau photovoltaïque est placé tous les 25 à 30 mètres, un capteur identifie le mouvement et déclenche le son, afin de ne pas émettre en permanence d’ultrasons perturbateurs.

 

Depuis deux ans, il constate que cette clôture sonore est efficace contre les chevreuils, mais insuffisante contre les sangliers. « L’investissement de 600 euros par pylône, soit 20 euros par mètre, n’est pas abordable pour les grandes cultures, confie-t-il. Toutefois, celui-ci a au moins l’avantage d’être plus gérable en bord de champ qu’une clôture. »

Nadia Savin