Le secteur agricole fait partie de ceux qui ont fortement pesé en faveur de la sortie de l’Union européenne. Les exploitants britanniques y ont vu une chance de se simplifier la vie et d’échapper à la réglementation et à la bureaucratie européenne, et de pouvoir faire ce qu’ils font le mieux, être agriculteurs. Mais, la pandémie liée au Covid-19 n’a pour l’instant pas permis d’évaluer tous les effets du Brexit, et les effets bénéfiques pour le secteur ne sont pas si évidents.
Pourtant, l’économie du pays a progressé de 7,5 % (PIB) en 2021, surpassant toutes les prévisions. Les aides de l’État aux agriculteurs ont augmenté de 6 % et ont été versées en une seule fois. Les premiers chiffres, concernant le secteur nord-irlandais, montrent que la production a progressé de 9 % et le revenu global des ménages agricoles (TIFF) de 8,3 % entre 2020 et 2021.
Promesses d’une nouvelle ère
Dans son rapport complet intitulé « Les avantages du Brexit », le gouvernement britannique promet de soutenir le secteur et « de ne jamais faire de compromis sur les normes environnementales, sur la sécurité alimentaire et le bien-être animal ». Il estime que « la Pac, avec ses règles trop restrictives, a été un désastre pour les agriculteurs et l’environnement ».
Le gouvernement dit vouloir dorénavant « ouvrir une nouvelle voie pour simplifier la réglementation et améliorer la productivité » des exploitations. Un nouveau système de subventions a été mis en place et un objectif ambitieux a été fixé : atteindre le zéro émission nette en 2050 (1).
Un autre objectif affiché est que, « d’ici à 2028, tous les agriculteurs dirigent des entreprises durables qui ne dépendent pas des subventions de l’État, qu’elles produisent une alimentation de qualité et soient respectueuses de la nature, en alliant les techniques modernes de production avec les techniques d’élevage traditionnelles ».
Craintes pour le libre-échange
La question des nouveaux accords commerciaux négociés avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande inquiète cependant les producteurs. La présidente du principal syndicat agricole (NFU), Minette Batters, estime que ceux-ci pourraient avoir d’énormes désavantages pour le secteur laitier, l’élevage et l’horticulture. Propos tempérés par la secrétaire britannique au Commerce international, Anne-Marie Trevelyan, qui a déclaré que l’accord « offre des opportunités pour les deux parties, et que les agriculteurs britanniques ne devraient pas s’inquiéter ». Minette Batters a cependant rappelé que les coûts de production sont nettement plus élevés au Royaume-Uni et que « les marges sont déjà serrées, en raison des pénuries de main-d’œuvre et de la hausse des coûts agricoles ». Chris McCullough
(1) Lire La France agricole du 14/01/2022, p. 20.