Les milieux économiques respirent : le compromis trouvé en septembre avec le Mexique, puis le Canada, a apaisé les craintes d’un éventuel retrait des États-Unis de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena), dont Donald Trump brandissait la menace. Mais une incertitude demeure : les parlements des trois pays doivent se prononcer sur ce traité, rebaptisé USMCA (United States Mexico Canada Agreement).

Le Congrès américain ne procédera à aucun vote avant 2019, ce qui fait planer le risque d’un rejet du texte si les démocrates prennent le contrôle de la Chambre des représentants aux élections de mi-mandat, le 6 novembre.

Car les avis divergent sur la portée du nouvel Alena. Dans le secteur agricole, les avancées de l’accord sont pour le moins modestes. Les producteurs de lait américains se félicitent de la légère ouverture prévue du marché canadien. Mais globalement, c’est surtout un sentiment de soulagement qui prévaut chez les farmers : celui de ne pas ajouter aux déboires des producteurs de soja - touchés de plein fouet par la guerre commerciale avec la Chine - les conséquences désastreuses d’une fermeture du marché des pays voisins (voir La France agricole, n° 3769, p. 22, www.lafranceagricole.fr).

Une des mesures les plus novatrices de l’UMSCA, pourtant peu commentée, vise à rendre plus difficile le rejet de certains lots de grains importés. Ceux contenant, de manière fortuite, de faibles quantités de variétés génétiquement modifiées, même si elles ne sont pas autorisées par le pays importateur.

Les États-Unis veulent ainsi instaurer des normes strictes en matière d’échanges de produits alimentaires issus des biotechnologies. Elles seront potentiellement applicables aux accords avec l’UE et le Japon. L’administration américaine réclame à cor et à cri leur négociation, en agitant l’épouvantail de tarifs douaniers prohibitifs sur les importations d’automobiles. Le secteur agricole sera inévitablement ciblé. La logique voudrait que l’Europe refuse ce chantage. Mais sa désunion fait craindre le pire.