àAridea, une ville au nord de la Grèce, George Doumos cultive 50 hectares de céréales, ainsi que des arbres fruitiers. S’il lui est possible de nommer la plupart de ses variétés, il en ignore quelques-unes, dont l’histoire a été oubliée. L’exploitant est un spécialiste des semences et des graines d’antan. Au sein du réseau Peliti, il tente de préserver la biodiversité de son pays à travers ces variétés.

Forte plus-value

Sur les 50 hectares de blé qu’il cultive, 30 ha sont dédiés à une variété connue sous le nom de kaploutzas, datant de neuf mille ans. « J’apprécie de cultiver ces variétés anciennes, cela me rend fier, me donne le sentiment de sauvegarder quelque chose d’essentiel de mon pays », souligne-t-il. Mais l’exploitant relativise : il estime ne cultiver qu’un petit échantillon de l’héritage biologique de son pays, où 90 % des variétés locales ont disparu. À la suite de la révolution verte survenue en Grèce au cours des années 1950, les graines à fort rendement ont pris le pas sur les traditionnelles.

Cependant, pour Georges Doumos, cultiver des variétés locales est loin d’être une simple approche nostalgique. S’il vise d’abord à lutter contre la perte de la biodiversité, il entend aussi vivre de sa production. « Les quantités que je produis sont inférieures à celles des variétés hybrides conventionnelles, précise-t-il. Mais ce que je perds en quantité, je le gagne en qualité. Ainsi, le blé kaploutzas donne environ 12 q/ha, alors que le blé conventionnel peut rendre 30 q/ha. Seulement, son prix de vente s’élève à environ 3,50 € par kilo, tandis que celui du blé conventionnel se vend de 80 centimes à 1 € le kilo. Les consommateurs sont prêts à payer un prix plus élevé. »

L’exploitant vend ses produits directement aux consommateurs, mais aussi au sein d’un espace de vente consacré aux produits biologiques. Son chiffre d’affaires s’élève à quelque 50 000 € par an.

Dans son pays en pleine crise, George Doumos fait face, malgré les incertitudes. « Nous observons des changements dans les conditions, notamment climatiques, dit-il. En Grèce, nous subissons une hausse de l’aridité, par exemple. Mais je reste optimiste, car je suis certain que mes variétés surmonteront les obstacles. Elles ont naturellement survécu à toutes les difficultés pendant des siècles, leur résistance a déjà été prouvée. »