« La vente directe d’œufs évolue dans un contexte porteur. Dans les Pays de la Loire, nous voyons arriver des porteurs de projets qui veulent créer des élevages de 500 à 1 000 poules pondeuses et vendre leur production en direct. C’est également le cas dans d’autres régions : Rhône-Alpes, Nord-Pas-de-Calais, Bretagne, Franche-Comté. Nous sommes aussi sollicités par des éleveurs en filière longue qui souhaitent amorcer de la vente directe sur une partie de leur production.
La réglementation en vigueur distingue les situations selon la taille de l’élevage - avec un seuil à 250
poules
- et la présence ou non d’un intermédiaire. Elle est relativement simple pour les élevages qui ont moins de 250 poules et vendent leur production en direct à la ferme, sur les marchés, en Amap, etc. Dans ce cas, l’éleveur peut exercer son activité avec un simple enregistrement en DDPP (1). Il vendra ses œufs uniquement en vrac et non classés. Il devra les marquer avec le numéro attribué par la DDPP, sauf s’il les vend à la ferme. Dans ce cas, le marquage n’est pas obligatoire.
Avec plus de 250 poules ou dans le cas d’une vente avec intermédiaire, le classement des œufs dans un centre d’emballage agréé CE est une obligation. Il en existe 35 dans les Pays de la Loire. L’éleveur doit mettre en place un plan de maîtrise sanitaire. Il quitte le champ de l’élevage pour entrer dans une réglementation conçue pour des industriels.
Pour les agriculteurs qui n’auraient pas de formation ou d’expérience en hygiène alimentaire, il me paraît indispensable de se former. L’agrément est attribué par la DDPP après validation du plan de maîtrise sanitaire. En pratique, les locaux doivent pouvoir être facilement entretenus (murs et sols lisses) et respecter le principe de la marche en avant. Schématiquement, les œufs entrent d’un côté et ressortent (mirés, calibrés et éventuellement conditionnés) à l’autre extrémité. Le local doit intégrer un sas ou une zone pour que l’intervenant puisse se changer, un équipement pour mirer et calibrer les œufs, et une balance homologuée.
L’œuf est un produit sensible aux chocs thermiques. Il doit être conservé à température constante, supérieure à 5 °C et idéalement située entre 15 et 18 °C. Un système de climatisation peut s’avérer utile. À défaut, les pièces doivent être correctement isolées. L’éleveur doit pouvoir gérer les périodes de fortes chaleurs qui, on le sait, sont de plus en plus fréquentes. » Propos recueillis par Anne Mabire
Emmanuelle Souday, chargée de mission circuits courts à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire