Muselés par leurs actionnaires ou discrets par tradition, rares sont les patrons d’enseignes à courir les plateaux télé. Le Breton Leclerc a longtemps été le seul sur la piste. Jusqu’à l’arrivée du Vendéen Papin. Malin, le second a pris le contrepied du premier en communiquant non pas sur la défense du pouvoir d’achat mais sur le commerce vertueux. « Michel-Edouard représente un grand groupe, il est le fils de son père et continue l’engagement qui était le sien sur les prix. Il y a un côté guerrier et conquérant chez lui. Moi je n’incarne pas ça », insiste Serge Papin, lorsqu’on l’interroge sur la comparaison. Il précise : « Je ne veux pas la mort des pharmaciens ou la destruction de l’appareil des grandes marques. Je cherche à réconcilier quand lui veut opposer. » S’il s’est lancé sur la scène médiatique, c’est justement pour faire entendre « une autre musique », explique-t-il. De même pour sa participation aux États généraux de l’alimentation. Placer un distributeur à la tête d’un atelier consacré aux prix rémunérateurs pour les producteurs, il fallait oser… « Je ne l’ai pas fait qu’avec ma casquette de PDG, mais aussi au nom de l’intérêt général et des responsabilités qui sont les nôtres désormais. »
Serge Papin, philanthrope ? Défenseur des paysans dans le monde des requins de la distribution ? Surtout agitateur d’idées. « Les entreprises sont en train d’évoluer dans leurs missions, elles doivent avoir une dimension sociétale », soutient-il. Pas toujours facile à faire passer sur le terrain… Tant pis. « Un chef d’entreprise doit savoir conjuguer les paradoxes, concède-t-il, mais rien ne l’empêche d’essayer de faire bouger les choses. Il faut se sentir libre ! » Sa liberté de parole, il l’a acquise au long de ses quatorze année de présidence. Et elle croît à mesure qu’approche le terme de son mandat. Le 16 mai prochain, celui débarqué à 20 ans dans la « coopérative de commerçants » raccrochera son tablier. Bonne chance à la relève…