Les faibles disponibilités en colza contrecarrent la volonté de la Commission de réduire la consommation d’huile de palme dans l’UE.
Tous les signaux semblent au rouge pour l’huile de palme. Décriée au sein de l’Union européenne pour des raisons environnementales et liées à la biodiversité, elle voit la croissance de sa consommation au point mort dans le secteur agroalimentaire.
Dans le secteur du biodiesel également, elle subit des revers. En août dernier, l’UE a institué, en effet, des taxes antidumping sur les importations de celui issu de palme, en provenance d’Indonésie. Très rapidement, le prix du biocarburant élaboré dans l’Union a fait un bon, sous un afflux de demande, dopant les margesdes usines d’estérification. Or, les producteurs européens de biodiesel se retrouvent confrontés à un problème d’approvisionnement en huile de colza.
La récolte européenne de l’oléagineuxs’est effondrée à moins de 17 millions de tonnes en 2019, sous l’effet d’un temps globalement trop sec durant toute la campagne. Face à cette chute de production, les importations en provenance des pays tiers auront beau bondir, ce ne sera pas suffisant pour permettre un niveau de trituration égal à celui de l’an passé. Elles seront bridées par le manque de disponibilités mondiales certifiées durables.
Mobiliser toutes les alternatives au colza
Pour produire plus de biodiesel avec moins d’huile de colza, les estérificateurs européens n’ont guère d’autre choix que de se tourner vers des origines alternatives.
En premier lieu, vers l’huile de soja durable, d’origine UE. Cependant, celle-ci ne sera pas d’un grand secours en raison d’une offre qui, déjà élevée, ne peut guère augmenter, par manque de capacité de trituration.
Celle de tournesol pourrait y contribuer également, mais sa production, très importante dans l’Union européenne et en mer Noire, va rester quasiment stable cette campagne. Pour ne rien arranger, les volumes certifiés durables – qui pourraient être transformés en biodiesel – sont limités, car cette huile est très appréciée par le secteur alimentaire.
Un recours accru aux huiles usagées et aux graisses recyclées ne suffira pas non plus à couvrir les besoins de l’UE. La collecte de ce type de produit étant compliquée, les volumes sont limités.
Des importations additionnelles d’huile de palme – certes, certifiée durable – seront donc indispensables à court terme pour couvrir les besoins européens en biodiesel. D’ici à quelques années, celles de colza, soja, tournesol, et les matières recyclées, pourraient cependant bénéficier d’un tremplin relatif à l’évolution de la réglementation européenne (lire encadré).
L’huile de palme interdite dans les biocarburants d’ici à 2030
À court terme, l’Union européenne ne peut s’en dispenser. La réglementation prévoit néanmoins une réduction progressive d’huile de palme entre 2023 et 2030, alors que celle-ci autorisera une stabilité de la part des biocarburants de première génération dans les carburants durant cette période.
En 2018-2019, l’UE a consommé 2,5 millions de tonnes d’huile de palme dans ses usines de biodiesel, et a importé 1,6 Mt de biodiesel fabriqué à base de cette huile. Pour remplacer ces tonnages, il faudrait triturer 9 Mt de graines oléagineuses supplémentaires. Des solutions diverses seront mises en œuvre, mais il apparaît d’ores et déjà qu’un tel besoin devrait doper les emblavements en oléagineux dans l’UE et à l’échelle mondiale.