D’après FranceAgriMer, les livraisons de lait bio de vache ont progressé de 11,7 % entre 2019 (992 millions de litres) et 2020 (1,1 milliard de litres). Sur les huit premiers mois de 2021, la croissance annuelle atteint 12,3 % et le lait bio représente 5,2 % de la collecte laitière française.

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Une météo favorable

Il faut dire que la météo a été particulièrement clémente. « Au 20 août 2021, la production cumulée des prairies permanentes est supérieure de 22 % à la norme au niveau national », rappelle l’interprofession laitière (Cniel). Qui plus est, les conversions continuent d’affluer.

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Les projections du Cniel tablent sur 1,35 milliard de litres de lait bio livrés par 4 400 producteurs en 2022. D’après les données de l’Agence bio, relayées par l’Institut de l’élevage (Idele), les régions Pays de la Loire et Auvergne Rhône-Alpes sont les plus dynamiques (39 % des vaches laitières en conversion en 2020).

Un décrochage par rapport à la collecte

Face à cela, la demande peine à suivre le rythme. Depuis 2020, « on observe un décrochage entre l’évolution de la collecte et l’utilisation de la matière grasse laitière », explique Antoine Auvray, du Cniel, lors de l’édition 2021 du salon Tech & Bio.

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Le constat est plus ancien, mais aussi plus marqué, sur la matière protéique « à cause du recul des fabrications de laits conditionnés, de poudres, et de la faible progression des fromages en 2021 », indique Corentin Puvilland, de l’Idele.

Les fabrications de beurre bio progressent de 8 % sur un an en août 2021. © A. Massiot

« Craintes sur le pouvoir d’achat »

D’après le panel consommateur IRI, les ventes de produits laitiers bio en grande distribution sont en recul pour l’ensemble des catégories entre janvier et juillet 2021. « C’est principalement dû à l’effet du confinement de l’année 2020, où les achats des ménages avaient fortement progressé », analyse le Cniel. « Les visites en magasins se raréfient et les craintes sur le pouvoir d’achat se renforcent », relate Ludovic Billard, le président de Biolait. Et cela n’avantage pas le bio.

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Paradoxalement, « les fabrications de beurre (+ 8 % sur douze mois glissants en août 2021) et de crème (+ 15 %) continuent de progresser. L’hypothèse principale tient dans la constitution de stocks, signe que les opérateurs miseraient sur une reprise de la consommation », relève l’Idele. « Rien ne laisse penser qu’un palier de consommation est atteint », avance la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab).

Besoin de soutien

Pour passer ce cap difficile, la Fnab comme Biolait en appellent au soutien des autorités et souhaitent communiquer davantage sur les valeurs de la bio. « Il faut redonner du crédit au label », estime Ludovic Billard.

En attendant, la plupart des opérateurs innovent sur leur gamme de produits laitiers bio et appellent à la modération des livraisons. Certains ont mis en pause, ou ralenti, les conversions qui ne seraient pas liées à un projet d’installation. C’est le cas de Biolait, depuis juin 2021.

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Alexandra Courty