Les émissions d’ammoniac à l’épandage sont synonymes de pertes d’azote, et souvent de nuisances olfactives pour le voisinage. Il s’agit plus globalement d’un problème de pollution de l’air que l’État entend limiter. Le ministère de l’Agriculture a ainsi présenté son plan d’action pour améliorer le matériel d’épandage d’ici à 2025. Les tonnes à lisier à buses palettes sont directement visées et l’objectif du gouvernement est de supprimer leur usage partout où cela est possible, grâce à des leviers financiers et réglementaires.

Du matériel cher et pas toujours adapté

Le prix élevé des matériels moins émissifs et leur inadéquation aux terrains pentus constituent des freins importants à la conversion du parc. Le plan d’action met ainsi en avant les données de la FNCuma, d’un surcoût moyen de 2 500 à 3 000 € par mètre d’épandage pour les pendillards, et de 6 000 € par mètre pour les injecteurs. L’aide à la recherche et à l’innovation fait partie des actions mises en avant par le document ministériel.

Mobilisation de plusieurs acteurs

Parmi les actions financières envisagées, le gouvernement évoque son enveloppe du plan de relance de 135 millions d’euros, alloués à la conversion des agroéquipements pour la réduction des produits phytosanitaires et des polluants atmosphériques.

 

Ce montant n’étant pas à la hauteur des objectifs affichés, le ministère veut mobiliser les régions pour décliner la priorité « qualité de l’air » dans la programmation de la politique agricole commune post-2020. Les Cuma et Chambres d’agriculture sont également mobilisées pour favoriser la mutualisation des équipements d’épandage moins émissifs. Axema Promotion et Service (APS), le syndicat français du machinisme agricole est également appelé, avec l’Inrae, à travailler pour que les émissions d’ammoniac soient prises en compte dans le label « écoépandage » et que ce dernier se développe.

Vers la fin des buses palettes

Des évolutions réglementaires prochaines sont également annoncées par le plan d’action, avec pour objectif de systématiser les pratiques d’épandage les moins émissives, dans les contextes qui le permettent. L’interdiction progressive des buses palettes d’ici à 2025 est directement citée, ainsi que la réduction du délai d’incorporation des effluents solides à douze heures au maximum. Le document précise cependant que cela s’appliquerait « dans les contextes économiques, agronomiques et organisationnels qui le permettent ». Le flou demeure encore et les textes ne sont pas rédigés pour le moment.