Pour travailler ses terres les plus humides, Benoît Herrouet a choisi de s’équiper d’une machine à bêcher. Installé, depuis 2016, sur l’exploitation familiale située à Bécheresse, en Charente, il cultive, seul, 316 hectares de blé, colza, maïs et tournesol.
Racheter la machine de la Cuma
« J’ai recours à une rotobêche depuis des années. Au départ, cette dernière a été achetée en Cuma, en outil de secours, pour finir les travaux dans les temps, quelles que soient les conditions. Mais à la suite d’un nombre d’adhérents décroissant, la Cuma a été dissoute. J’en ai profité pour racheter la machine afin de l’employer au sein de mon exploitation », explique l’agriculteur. Quand le temps est trop humide et ne lui permet pas d’intervenir dans les champs avec son décompacteur ou sa charrue, il sort la rotobêche. « Lors de la dernière récolte, certaines parcelles étaient tellement humides qu’elles se sont fait matraquer lors du passage de la moissonneuse-batteuse. »

Aider à évacuer l’eau
Passer cet outil améliore notamment le drainage du sol car aucune semelle n’est créée et la terre reste très meuble. « Je m’en sers systématiquement dans certains champs qui ont du mal à sécher et également derrière des maïs ou du tournesol. En fonction des parcelles, tous les ans, je bêche entre 18 et 30 ha. Avec la rotobêche, je limite le patinage et, donc, mon impact sur le sol », souligne-t-il.
Une fois la parcelle travaillée, il faut la laisser reposer au minimum un mois car le sol est beaucoup trop meuble. « J’utilise la herse rotative pour reprendre la terre et je sème directement dessus. D’un point de vue agronomique, j’ai observé une nette amélioration de la structure de mon sol car le travail est plus fin qu’un labour. La matière organique est mieux repartie dans la terre et se dégrade davantage, notamment grâce à un meilleur contact avec l’air. »
La rotobêche date de 1986. Son principe de fonctionnement est très simple, les bêches sont actionnées par un vilebrequin et des bielles. En descendant, elles découpent un morceau du sol, puis le projettent vers l’arrière. C’est la vitesse d’avancement du tracteur, combinée à la vitesse d’action des bêches, qui détermine la taille des mottes réalisées.
L’un des avantages de cet outil est qu’il sollicite uniquement de la puissance à la prise de force puisque l’effort de traction est presque nul. Au niveau de l’usure, les bêches travaillent de manière alternative. Elles ne s’émoussent ainsi que très légèrement. « Concernant l’entretien, je graisse régulièrement, toutefois sans abuser, et je remets un peu d’huile lorsqu’il en manque dans le boîtier. Sur le plan de la consommation, j’ai constaté que le tracteur était à une moyenne de 20 l/ha, ce qui est moins qu’un labour. Par contre, le rendement de chantier n’est que de 0,7 ha/h », constate Benoît.

Un outil modifié
À son arrivée dans la Cuma, la rotobêche était équipée de roues en fer, surmontées de crampons en acier. Cependant, les parcelles du secteur sont principalement composées d’une terre argilo-calcaire, très grasse. Sur les sols les plus détrempés, ces roues avaient tendance à se remplir de terre et à ne plus tourner. « Nous avons alors décidé de les remplacer par des pneus en caoutchouc. Nous en avons également profité pour installer un vérin hydraulique pour le réglage de la barre de nivellement. Aussi, une fois la machine rapatriée chez moi, j’ai modifié cette barre pour m’éviter de passer une heure par jour à débourrer. Prochainement, je compte monter des petits racloirs au niveau du vilebrequin car il a tendance à se gorger de terre. Avec la rotobêche, je propose, par ailleurs, une prestation de services. En général, j’interviens quand la charrue ne peut plus passer. Il est arrivé que l’on m’appelle pour retourner une parcelle afin de planter des vignes. Certaines fois, on me demande en urgence de passer la machine afin d’aider à évacuer l’eau dans des parcelles inondées. Quant au tarif, je facture la prestation au même prix que celle du labour car l’économie de carburant compense le temps supplémentaire passé au champ. »

À éviter dans les coteaux
« Passer derrière une parcelle qui a été irriguée est très compliqué, car généralement la terre est martelée par l’eau, donc très tassée. La rotobêche est également sensible aux terres à cailloux car les pierres en frappant sur les bêches créent des vibrations, provoquant ainsi une usure prématurée. Ce problème de vibrations se pose aussi si le sol est trop sec », révèle Benoît.
L’agriculteur a également un voisin qui emploie deux rotobêches sur son exploitation. Ce dernier s’en sert notamment dans les coteaux. Mais après quelques années d’utilisation, il s’est aperçu que le décollement de la terre effectué par l’engin avait tendance à faire glisser la terre vers le bas de la pente.
Paul Denis
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