La lutte contre les adventices est une partie importante du travail de l’agriculteur sur le cycle d’une culture. L’application d’herbicide est une solution de plus en plus restreinte et qui voit se développer des résistances. La destruction mécanique reste souvent onéreuse et chronophage.
D’autres techniques de désherbage reviennent sur le devant de la scène. Elles sont accompagnées par des solutions récentes et, parfois encore, en développement.

Une adventice flambée
L’une des premières solutions est le désherbage thermique qui repose sur l’utilisation de la chaleur pour éliminer les plantules. Si différentes méthodes existent, une seule convient aux surfaces agricoles. Elle consiste à brûler les adventices par contact direct d’une flamme sur la plante pendant un temps donné.
Parmi ses avantages, cette technique ne présente aucun risque de résistance et favorise une meilleure santé du sol par rapport au désherbage mécanique. Néanmoins, elle engendre certaines difficultés. Par exemple, elle n’est pas optimale sur des adventices trop développées. Elle reste, en outre, plus énergivore que le désherbage mécanique et doit être utilisée avec précaution, surtout par temps sec et s’il y a beaucoup de résidus.

Actuellement, plusieurs outils destinés à cette application existent. Il s’agit généralement de rampes sur lesquelles sont montées des buses à gaz. Elles sont plus ou moins espacées en fonction du travail demandé (désherbage intégral ou en interrang).
Une technique survoltée
Plutôt que de faire flamber les adventices, certains agriculteurs préfèrent les griller avec de l’électricité, c’est le principe du désherbage électrique. Il fonctionne en envoyant un courant électrique dans les plantes. Cette énergie les fait flétrir de l’intérieur des feuilles jusqu’aux racines. Cette méthode détruit immédiatement toutes les adventices sur sa largeur de travail. Leurs graines sont, elles aussi, éliminées dans le sous-sol, tout en préservant la vie du sol.
En revanche, l’un des points négatifs de cette technique est son efficacité limitée contre les graminées. Le réglage de l’intensité électrique est soumis à plusieurs facteurs (la nature du sol, l’humidité, le stade de croissance des adventices, etc.). D’autre part, avec cette méthode, il est indispensable de surveiller les risques d’incendie en fonction des résidus, et en cas de sécheresse.

Du point de vue de la sécurité toujours, l’emploi de l’électricité pour le désherbage demande un bon accompagnement du constructeur de l’outil.
Griller avec un laser
D’autres procédés, plus récents, mais surtout plus précis, ont fait leur apparition comme le laser. Ce système requiert impérativement une caméra de reconnaissance. Celle-ci est dotée d’une intelligence artificielle qui différencie les adventices de la culture en place. Une fois détectées, les mauvaises herbes situées dans le rayon d’action de l’outil sont brûlées grâce à un laser électrique ou au CO2.
Au niveau rendement, certains modèles sont capables de supprimer jusqu’à 100 000 adventices/heure en complète autonomie (Robot Carbon Robotics). Le laser offre l’avantage d’être très réactif et précis. Toutefois, il présente certains dangers liés à la réflexion. Si un rayon se reflète au sol, il peut partir très loin et, dans le pire des cas, atterrir dans un œil. Il est indispensable de manier cette technologie avec prudence.
La lumière « tueuse »
Assez proche du laser, la technique de la lumière pulsée est encore à l’état de prototype. Cette technologie, dévoilée par Earth Rover lors de la dernière édition du Fira, se révèle comme une alternative au désherbage laser. Aujourd’hui, elle n’est qu’à l’état de concept mais possède déjà plusieurs intérêts par rapport aux autres méthodes.
Concernant le principe de fonctionnement, une caméra stéréo de haute résolution dissocie les adventices de la culture implantée. Ensuite, des rayons de lumière pulsée viennent tuer les adventices. Le prototype désherbe zone par zone avec un rendement de 20 plantes/seconde, et cela sans impacter le sol. Gros atout de cette technologie, sa lumière n’est pas dangereuse.
Paul Denis