La démarche aura pris du temps, elle a été initiée en 2015. L’été dernier, à Viazac (Lot), a démarré une première unité de méthanisation portée par un petit collectif de quatre fermes (sept personnes). « Nous sommes tous éleveurs et ce process permet de traiter tous nos effluents, confie Florent Lafragette, président de la SAS Viazac Bioénergie. Nous produisons un digestat dont nous connaissons la composition, entièrement désodorisé, afin de réduire les engrais de 50 %. Nos premiers épandages, à proximité de citadins qui reconnaissent qu’il n’y a plus d’odeur, sont valorisants. »
Les trois autres projets, situés à Labathude, Espeyroux et Gorses, se terminent. Vingt-neuf exploitations sont investies. Chaque collectif a créé une SAS, propriété à 100 % des agriculteurs, pour gérer son outil et maîtriser la totalité du process.
« Les participants ont été formés pour être acteurs de leur projet, note Guillaume Virole, responsable méthanisation à Fermes de Figeac. La coopérative les a soutenus en tant que prestataire de services pour les études de faisabilité, le choix des fournisseurs, le suivi des chantiers, les négociations avec les banques, la défense auprès des tribunaux… » Vingt recours d’associations et de riverains ont été déposés devant le tribunal administratif.
Du sur-mesure
Mais aujourd’hui, les exploitants sont fiers d’avoir tenu le coup. Les méthaniseurs sont dimensionnés pour fonctionner 7 jours sur 7, grâce à la totalité des fumiers et lisiers des fermes situées à quelques kilomètres des sites. Ils ont été conçus pour que le temps de séjour des effluents dans le digesteur soit suffisamment long (70 jours) pour les assainir à 99,9 %. Une capacité de stockage du digestat de six à huit mois, au lieu des quatre réglementaires, permet de l’épandre aux périodes optimales.
Quant à la production d’électricité, elle sera de près de 14 000 MWh par an lorsque les quatre sites seront en service. La chaleur sera valorisée à 40 % pour chauffer les digesteurs. À Viazac, le choix a été d’alimenter les habitations (1 000 m² au total) avec les 60 % restants, grâce à un réseau de chaleur. « Ces projets collectifs ont créé une émulation sur le terrain et une bonne ambiance entre agriculteurs », se réjouit David Bourret, président de la SAS Sud Ségala Bioénergie, à Labathude.
Florence Jacquemoud