«Le risque d’influenza aviaire, je savais que j’allais vivre avec en m’installant fin 2018 au sein du Gaec laitier familial », souligne Marie Bouyssou. Âgée de 28 ans, elle a mis en place sa première bande de canards prêts à gaver, en septembre 2019, sous IGP. Lorsqu’elle a constitué son dossier, elle tablait sur une production de 30 000 canards par an, en trois bandes et demie. Mais la commune sur laquelle est située l’exploitation est classée en zone humide et lieu de passage des oiseaux migrateurs. L‘agricultrice s’est vue imposer de nouvelles contraintes pour limiter le risque d’influenza aviaire. « La première étape, au début de 2020, fut l’investissement dans des filets de protection pour empêcher les oiseaux migrateurs d’approcher des canards, pour 3 000 €, sans la main-d’œuvre. » Au lieu de bénéficier des 5 ha de parcours de plein air, les canards sont cantonnés à quelques centaines de mètres carrés à l’extérieur.

Claustration

Le dernier arrêté du ministère impose la claustration et une réduction du nombre de volailles au mètre carré à l’intérieur du bâtiment. « La bande actuellement en production totalise 8 500 canards. La prochaine, ce sera 6 000. Ces animaux ne sont pas faits pour vivre enfermés. Je redoute une perte de qualité malgré l’accompagnement technique du groupement », explique Marie, qui évoque les conséquences économiques : « Le compte n’y est pas par rapport à mon plan prévisionnel. Et il y a des surcoûts. Par exemple en achat de paille pour les canards en bâtiment. Sans compter la main-d’œuvre quotidienne en sus. »

En visite à la ferme, le 14 octobre, les services de l’État ont promis un meilleur accompagnement de la filière et des aides aux mesures de biosécurité, ce qui rend Marie sceptique. Claude-Hélène Yvard