La ville-musée, avec ses gratte-ciel vertigineux, est aussi sacrément gourmande. Ses très nombreux marchés fermiers en témoignent.
Chicago est debout sur les rives d’un océan intérieur, le lac Michigan. La ville a inventé les gratte-ciel, elle est un musée pour les voyageurs qui savent lever les yeux. Les buildings en verre, aux formes souvent curieuses, se reflètent les uns dans les autres. Moins électrique que New York à qui on la compare souvent, Chicago cultive une certaine douceur de vivre.
Douceur de vivre
Al Capone ne sème plus la terreur sur la Windy City (la ville des vents), comme on l’appelle. Les « speakeasy », les bars clandestins de la prohibition, ont disparu. Les grands abattoirs ont fermé. Le bétail ne meugle plus dans le sud de la ville. « On disait que Chicago était “The slaughterhouse of the world” (l’abattoir du monde). La ville fournissait en viande presque toute l’Amérique », explique Guillermo Delavault, chef privé et enseignant à l’école de cuisine The Chopping Block. La ville a conservé un solide appétit de viande rouge. Dans les restaurants, le hamburger est toujours à cheval, c’est-à-dire servi avec un œuf sur le plat.
Chicago est à la croisée de plusieurs grands États agricoles, ceux du Midwest, la Corn Belt (la ceinture de maïs). « Chicago back in the day » (aller-retour à Chicago dans la journée), disent les fermiers du Wisconsin, du Michigan et de l’Indiana, qui vendent dans l’un des nombreux « farmers market » de la ville. Celui de Lincoln Park, en fin de semaine, est l’un des plus agréables à visiter. Il est installé juste au bord du lac Michigan, dans un magnifique parc peuplé d’écureuils peu farouches.
À l’automne, les étals, toujours spectaculaires, croulent sous une incroyable variété de courges, dont les « pumpkins », ces citrouilles orange potelées que les Américains transforment en jack-o’-lantern (le monstre éclairé) pour Halloween. Un arboriculteur venu du Wisconsin vend une vingtaine de pommes de terroir, dont une Hiden Rose, à la chair blanche maculée de rose, tendre et juteuse. Plus loin, Benny propose des champignons géants, gros comme un ballon de football, et cueillis dans une forêt de l’Illinois. Sur les étals, des pains fermiers, des fromages au lait cru, des légumes bio anciens, des tourtes aux fruits éloignent le cliché d’une nourriture américaine trop industrielle et standardisée.
Jean-Paul Frétillet
Pratique
À découvrir
Chicago est la capitale de la « deep dish pizza », dont la pâte est épaisse, briochée et croustillante en surface. La mozzarella tapisse le fond avant d’être recouverte de viande, d’oignons, de champignons et de sauce à base de tomates écrasées.
La ville organise chaque année, fin septembre, un festival culinaire géant dans le Millenium Park. Il donne un large aperçu des dernières tendances de la cuisine à Chicago.