Comprenez-vous que votre slogan « producteur et commerçant » puisse choquer les agriculteurs ?
Je veux bien entendre une certaine ambiguïté… Mais on justifie cette sémantique par la transformation : nous avons 62 usines qui produisent (gâteau, confiture, lait, couches-culottes…), nous sommes donc producteurs. Derrière ce slogan, il y a aussi l’idée d’une proximité à établir avec le monde agricole pour ancrer notre positionnement du « mieux produire et mieux manger ».
Les grandes marques ont-elles encore leur place dans ce schéma ?
Ce qui est sûr, c’est que le consommateur est en train d’évoluer sur le sujet. Il n’est pas gogo : s’il peut économiser 15 à 20 % en achetant un yaourt de notre gamme Pâturage, qui est finalement aussi bon qu’un produit de grande marque, il fera cet arbitrage-là. Il faut aujourd’hui un marketing de vérité. Le marketing pour le marketing, sans bénéfice pour le consommateur sur la liste des ingrédients, sur les engagements RSE, etc., a du plomb dans l’aile. Faire des spots TV et de la pub ne suffit plus.
Mais comment concilier qualité et prix ?
Nous sommes convaincus d’avoir le modèle gagnant en la matière. Nous croyons à la verticalité, en ne faisant qu’un entre le transformateur et le distributeur.
Alors pourquoi ne pas concentrer votre offre commerciale sur vos marques propres ?
C’est un vrai débat. Il n’y a pas de dogme sur le sujet de l’assortiment mais une question d’équilibre entre la production de nos usines, pour laquelle les consommateurs ont des attentes de traçabilité, d’origine, etc., les grandes marques nationales, auxquelles ils sont attachés, et les petits fournisseurs.
La guerre des prix entre enseignes ferait-elle place à une guerre des valeurs ?
Ce sera un équilibre à trouver entre les deux… Il y a une jambe gauche, celle du pouvoir d’achat, et une jambe droite, qui est la consommation responsable. Ce doit être un jeu à somme nulle pour le consommateur.