Il aurait pu choisir les champs et le grand air mais, confronté à la problématique foncière, Théophile Champagnat leur a préféré la capitale, « pour le défi aussi, de produire en plein Paris », précise-t-il. Il aurait alors pu occuper les toits de la ville, mais il a opté pour un parking. « Les investissements sont moindres et le cadre sécuritaire est déjà aux normes. »
Sa ferme, baptisée la caverne, s’étend sur trois étages d’une ancienne aire souterraine du XVIIIe arrondissement de Paris. Sur 8 000 m2, il produit des endives, des champignons sous la certification bio, et des jeunes pousses. Installé en novembre 2017, il est le premier à avoir obtenu une aide, la dotation jeune agriculteur (DJA), pour un projet en ville.
« Depuis le départ, cela faisait partie des pistes de financement. Les démarches administratives sont lourdes pour l’obtenir, il faut être motivé. Mais c’est une aide qui n’est pas négligeable. » Majorée suivant des critères, comme l’embauche locale ou encore l’agriculture biologique, la DJA de Théophile devrait s’élever aux alentours de 30 000 €. Il a par ailleurs passé une à une les étapes de l’installation, dont un stage de 21 h à la chambre d’agriculture du Chesnay, dans les Yvelines.
« Je suis agriculteur, mais je pense que de passer par un chemin standard me donnera plus de crédibilité auprès des autres acteurs agricoles. » Car outre un projet insolite, l’exploitant de 28 ans innove aussi dans son approche financière. À l’origine, lui et son associé alsacien Jean-Noël Guertz, initiateur du projet, ont fondé la start-up Cycloponics, « une démarche plus pertinente pour attirer les investisseurs ». Ils ont ensuite procédé à une levée de fonds, « qui, en plus d’un un apport personnel, d’un prêt de la banque coopérative, la Nef, et d’un apport de la BPI, nous a permis de nous financer ». Au total, le projet devrait s’élever à environ 400 000 €.
Main-d’œuvre locale
À l’arrivée, une à deux tonnes d’endives sont produites chaque semaine sur la ferme, ainsi qu’environ 800 kg de pleurotes et de shitaké. « Plus on produira, plus il faudra du monde. » Théophile emploie déjà douze salariés : une partie est affectée à l’installation des structures, et une autre au maraîchage. Atout majeur de la ville : recruter n’est plus un souci. Si l’agriculteur colle quelques annonces alentour, le plus souvent, c’est le gardien de l’immeuble qui lui trouve du monde. Tous habitent dans le quartier.
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