« Normal d’en baver, de travailler ! » Pour certains aînés, il est encore normal de s’installer « sans la ramener ». Et surtout de ne rien changer. Alors quand la fille de la famille décide de se diversifier en lançant sa production de framboises et que le fils envisage de remplacer les bovins par des poulets, il arrive souvent que la communication se crispe, jusqu’à se bloquer.
Pour désamorcer ces tensions, il est essentiel, rappellent les experts de la médiation, de libérer la parole et de reconsidérer le projet, surtout lors des moments clés de l’exploitation (transmission, arrivée d’un nouvel associé…). Laisser à chacun la possibilité d’exprimer ses attentes puis les confronter au projet commun va faciliter la marche de l’entreprise.
Cela ne va pas sans dire
Mais le défi est grand au sein des exploitations familiales qui pêchent souvent par le manque de règles professionnelles dans la gestion de leur quotidien. Pour elles, le risque est pourtant double : quand le conflit s’enlise, il entraîne avec lui famille et entreprise. Alors, par crainte, certains contournent le problème et choisissent le silence. « Je ne lui dis jamais rien, pourquoi souffre-t-il ? », quand d’autres, souvent des femmes, préfèrent révéler les dysfonctionnements.
Des familles ont accepté de livrer leur expérience. La plupart jugent leur prise de conscience souvent trop tardive et estiment essentielle l’intervention d’un tiers pour les aider à retisser les liens. Dans les exploitations, le sujet serait toutefois de moins en moins tabou et abstrait, assurent les professionnels. Preuve en est avec ces formations dédiées aux relations humaines, rendues obligatoires dans certaines régions, lors du parcours à l’installation.
Rosanne Aries et Marie-Gabrielle Miossec