Les candidats à la présidence de la République ne manqueront pas de lecture. En plus de la sortie le 15 février du livre blanc de la filière de la forêt et du bois, le Ser leur a adressé ce vendredi 13 janvier 2017 les quelque 100 pages de son livre blanc. À l’intérieur, il expose « les grandes orientations stratégiques […], il détaille des mesures très opérationnelles, filière par filière ».

Appels d’offres éoliens, consortium solaire et biocarburants

Du côté des propositions, le Ser souhaite deux ou trois sessions d’appels d’offres par an pour l’éolien terrestre pour un volume de 2 000 MW/an. Il demande aussi que la durée des projets soit divisée par deux pour ne pas excéder trois ans de procédure. Pour le solaire photovoltaïque, il lance un appel à « la création d’un consortium industriel européen, reposant sur une initiative franco-allemande et ayant pour ambition de fédérer sur le sol européen chacune des étapes de fabrication d’un panneau solaire photovoltaïque », afin de contester l’hégémonie asiatique. Selon les estimations, 90 % des panneaux seraient de fabrication asiatique.

Sur la question des biocarburants, le Ser souhaite une accélération du développement des biocarburants avancés « issus de résidus de transformation non limités réglementairement ». Quant aux biocarburants gazeux, le syndicat souhaite que soit soutenue la demande en biométhane, notamment en faveur de la mobilité.

Simplification et rentabilité du biogaz

En ce qui concerne la méthanisation, le Ser demande la mise en place d’une filière de valorisation des digestats sous forme d’engrais, cela pour « améliorer la rentabilité des sites ». De façon plus large, il demande que, pour la production de biogaz, la valorisation de tous les intrants des divers segments de marché soit encouragée.

Le Ser souhaite aussi une harmonisation des délais d’autorisation et que les installations de production de biogaz puissent bénéficier d’une durée de validité identique pour leur autorisation ICPE et leur permis de construire.

Sur l’investissement, le syndicat émet l’idée de reprendre les mécanismes de contre-garantie à l’étude par la Banque européenne d’investissement, ou des accompagnements plus importants au niveau des collectivités via des fonds d’investissement ciblés de la part des régions ou des territoires.

Mobiliser les ressources en bois

La filière du bois énergie est aussi force de propositions. Si Cyril Le Picard, président de l’interprofession France Bois Forêt et vice-président du Ser, annonçait ce jeudi 19 janvier un livre blanc sur la filière de la forêt et du bois, le Ser avance déjà des propositions.

Le syndicat demande ainsi une meilleure mobilisation de la ressource et des programmes de replantation cohérents. Il vise notamment le manque d’accessibilité aux parcelles concernées, un des principaux freins à la récolte de peuplements peu valorisés.

Selon le Ser, les groupements d’intérêt économique et environnemental forestier (GIEEF), lancés dans le cadre de la dernière loi d’avenir sur l’agriculture, l’agroalimentaire et la forêt, sont à encourager. « Ils favorisent le regroupement et la gestion de la forêt. Il serait utile de réfléchir plus globalement à la façon de favoriser la constitution d’unités de gestion de taille minimale, par exemple 10 ha, permettant une gestion forestière comme le regroupement de la gestion, le regroupement de parcelles pouvant passer par les organisations de producteurs, les groupements forestiers. Le Ser recommande aussi d’appuyer la communication sur la fiscalité forestière, favorable aux plans de gestion.

« Power to gaz »

Le Ser demande aussi un accompagnement des filières émergentes. C’est en particulier le cas du « power to gaz », système de stockage des excédents de production des énergies renouvelables.

Si les batteries permettent de gérer un excédent de quelques heures, « il est nécessaire de rechercher d’autres solutions pour les excédents de longue durée », écrit le Ser.

Le « power to gas » apporte cette solution en étant capable de stocker de l’énergie en permanence, en passant par la transformation de l’électricité en gaz, ou, pour être plus précis, en utilisant de l’électricité pour transformer de l’eau en hydrogène par électrolyse. « C’est l’hydrogène qui joue ensuite le rôle de vecteur énergétique, en étant, par exemple, injecté dans les réseaux de gaz.

Il est ensuite possible d’ajouter une étape supplémentaire à ce processus : la transformation de l’hydrogène en méthane de synthèse par méthanisation. Cette opération est d’autant plus intéressante qu’elle se fonde sur l’absorption et le recyclage du dioxyde de carbone.

Programmes en débat

Les candidats à l’élection présidentielle auront donc le choix s’ils souhaitent intégrer des propositions du livre blanc du Ser dans leur programme. Plusieurs d’entre eux pourront d’ailleurs en débattre le 31 janvier lors d’une table-ronde organisée dans le cadre du colloque du Ser.

Vincent Gobert