Le ton est donné. La Creuse notamment, mais également l’Ariège et désormais le Nord-Pas-de-Calais ont décidé d’agir face à la hausse des charges et à l’insuffisance des aides de la politique agricole commune (Pac).

 

À l’appel des syndicats locaux, FDSEA et Jeunes Agriculteurs (JA), trois manifestations distinctes ont été organisées cette semaine dans les rues de Foix, de Guéret ou sur les routes nationales. Et si elles sont pour le moment pacifiques, elles représentent surtout la « dernière sommation » avant des actions « plus musclées » si les revendications ne sont pas entendues.

« La ruralité française sera dans la rue, car elle se meurt ! »

« On a lancé la charge la semaine dernière, et j’ai dit “Qui m’aime me suit !”, raconte Christian Arvis, président de la FDSEA de la Creuse (23), qui espère que les actions menées ce 3 novembre après-midi feront des petits partout en France. Je voulais qu’on bouge depuis un moment, mais j’ai voulu attendre la fin de la récolte du maïs et celle des semis. »

 

Dès ce mercredi 3 novembre 2021 à 14 heures, des barrages filtrants ont été mis en place durant près de trois heures sur toutes les routes nationales autour du département de la Creuse, pour sensibiliser les automobilistes à la situation que traverse le monde agricole et plus largement le monde rural.

 

 

Les agriculteurs de la FDSEA et des JA de la Creuse organisent des barrages filtrants sur toutes les routes nationales autour de leur département ce 3 novembre 2021. © Ch. Arvis/FDSEA23
Les agriculteurs de la FDSEA et des JA de la Creuse organisent des barrages filtrants sur toutes les routes nationales autour de leur département ce 3 novembre 2021. © Ch. Arvis/FDSEA23

 

Et le samedi 6 novembre 2021 au matin, un grand rassemblement est prévu devant la préfecture de la ville de Guéret. Toutes les stations-service seront également bloquées pendant deux ou trois heures. « Aujourd’hui c’est une sommation, samedi, la ruralité française sera dans la rue, car elle se meurt ! Même la fédération de chasse nous rejoint et appelle à manifester », annonce-t-il. Une rencontre est également prévue avec le député Jean-Baptiste Moreau et la préfète Virginie Darpheuille.

Des prix en hausse et des aides insuffisantes

Dans la ligne de mire : la hausse des charges. « C’est en train d’exploser d’une manière spectaculaire, constate Christian Arvis. Et ça concerne tous les départements et toutes productions confondues. » Comme exemple, il cite le gasoil non routier (GNR), qui est aujourd’hui à 1,10 euro le litre : « C’est du jamais vu, c’est impressionnant, c’est catastrophique ! Sur une base de 30 000 euros de dépenses en GNR par an, ça revient désormais à 6 000 euros de plus pour un agriculteur sur une seule année. »

 

Et à cela s’ajoute la flambée des engrais azotés, notamment l’ammonitrate qui nécessite désormais 11 000 euros de plus par an pour la même quantité. Ou encore la ferraille, comme le bâtiment agricole qui a pris 30 %. Au total, « les agriculteurs doivent toujours plus dépenser et ils n’y parviennent plus ».

 

Un constat de terrain que partagent les syndicats du Nord-Pas-de-Calais. Dans un communiqué de presse du 2 novembre 2021, la FDSEA et les JA locaux confirment l’inquiétude grandissante face à la hausse des charges et à sa répercussion dans le dispositif prévu par la loi Egalim 2 : « La loi Besson Moreau doit tenir compte du coût de production moyen des produits pour pouvoir le répercuter sur le revenu de l’agriculteur. Mais j’ai peur que cette répercussion ne puisse pas se faire du fait de la hausse des charges », tempête Pierre Hannebique, président de la FDSEA Pas-de-Calais. Et si les syndicats ne manifestent pas pour l’heure, ils appellent l’État à réagir et « à trouver une solution pour les agriculteurs ».

 

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« Dernière sommation » des agriculteurs « méprisés »

Si la Creuse espère que les manifestations de ce mercredi et de samedi feront « émulsion », l’Ariège a donné le ton dès le lundi 1er novembre 2021 au soir. Aux alentours de 21 heures, une centaine d’agriculteurs se sont rassemblés devant la Direction des territoires (DDT) à Foix à l’appel une nouvelle fois de la FDSEA et des JA locaux. Une bâche sur laquelle était inscrit « L’État nous méprise, dernière sommation ! » a été étendue le long de la façade du bâtiment.

 

 

Une centaine d’agriculteurs de l’Ariège ont installé une banderole sur la façade de la DDT à Foix, pour sommer l’Administration d’agir pour le monde rural. © Clélie Louiset/FDSEA 09
Une centaine d’agriculteurs de l’Ariège ont installé une banderole sur la façade de la DDT à Foix, pour sommer l’Administration d’agir pour le monde rural. © Clélie Louiset/FDSEA 09

 

Hervé Peloffi, président du journal Terres d’Ariège et ancien membre du conseil d’administration de la FDSEA de l’Ariège (09), explique : « Nous voulons faire un dernier avertissement à la DDT sur le fait que certains groupements pastoraux n’ont toujours pas reçu leur acompte des aides de la Pac. Il y a un nombre croissant d’agriculteurs qui sont impactés. »

 

En parallèle, « il y a la hausse dramatique des charges. Donc la coupe est pleine. On rencontre la préfète demain, jeudi, on verra si on doit muscler nos actions. En tout cas, on est prêt à passer la seconde », affirme-t-il. À l’image de la FDSEA et des JA de la Creuse et du Nord-Pas-de-Calais, les syndicats de l’Ariège insistent : « Il s’agit de la dernière sommation ! »

 

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