Les règles environnementales qui s’appliquent aux produits importés sur le territoire européen doivent être équivalentes à celles en vigueur dans l’Union européenne. C’est ce que demandent la Fondation Nicolas Hulot, Interbev et l’institut Veblen, dans un rapport commun publié le 26 mars 2021.

« Protéger nos agriculteurs »

« Nous voulons protéger l’environnement et nos agriculteurs. Nous travaillons depuis longtemps avec Interbev sur le sujet des importations de viande. Nous sommes d’accord sur un certain nombre de sujets et on est prêt à les porter ensemble », explique Samuel Léré, de la Fondation Nicolas Hulot, pour justifier leur alliance quelque peu surprenante.

 

Les trois organisations demandent que la France porte au niveau européen, lors de sa présidence au début de 2022, la mise en œuvre d’un règlement introduisant des « clauses miroirs ». C’est-à-dire que les règles de production environnementales, de traçabilité et de bien-être animal imposées aux produits importés soient les mêmes que celles en vigueur dans l’Union européenne.

 

Ce règlement pourrait être compatible avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce, jugent-elles. Les trois organisations demandent également à renforcer les contrôles sur les denrées alimentaires et des sanctions, dans leur document.

L’exemple de la viande bovine

« Les accords de libre-échange déjà conclus ou en cours de négociation supposeraient l’importation supplémentaire de 200 000 tonnes de viandes américaines, canadiennes et brésiliennes », à un prix moins élevé, a détaillé Marine Colli, d’Interbev, lors d’une conférence de presse.

 

Elle pointe les différences de production concernant les farines animales, les antibiotiques, la traçabilité et le bien-être animal, notamment dans le transport. « Le problème c’est la dichotomie des normes. […] La seule clause miroir qui s’applique à ce jour concerne l’utilisation d’hormones de croissance », ajoute Sara Lickel, de l’Institut Veblen.

 

Le rapport donne également l’exemple de la lentille canadienne, moins chère sur le territoire français que la lentille locale, mais dont les producteurs on le droit d’utiliser du Sencoral, un pesticide interdit depuis 2014 dans l’Union européenne et du glyphosate jusqu’à quatre jours avant la récolte.

 

« Nous ne voulons pas d’un abaissement des normes », insiste Samuel Léré, qui prône un niveau d’exigence sociale et environnementale élevé, pour faire évoluer les pratiques de nos partenaires commerciaux.

La Coordination rurale favorable

Dans un communiqué du 26 mars 2021, la Coordination rurale a indiqué « se reconnaître dans ce combat » et de ce fait « rejoindre les auteurs de ce rapport ». Le syndicat qui indique se battre pour la mise en place d’une exception agriculturelle, estime qu’un « tel règlement protégerait les acteurs agricoles européens et assurerait le respect du niveau d’exigence sociale et environnementale que nous avons en Europe ».