Laurent Brault, responsable de l’association HVE développement, regrette que les conclusions du rapport de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) concernant la labellisation « Haute valeur environnementale » (HVE) « assoient des rumeurs ».

 

Il précise également que l’Iddri n’a consulté aucune partie prenante et n’a formulé aucune préconisation. Pour rappel, les auteurs du rapport estiment « qu’en l’état actuel de son cahier des charges, la certification HVE ne peut prétendre accompagner une réelle démarche de transition agroécologique ».

Adapter plutôt que supprimer

Alors que l’Iddri précisait dans son rapport que la voie B, basée sur le calcul du ratio intrants/chiffre d’affaires, favoriserait la certification des entreprises à forte valeur ajoutée comme les exploitations viticoles, Laurent Brault nuance : « 81 % des exploitations certifiées HVE ont un atelier viticole mais seulement 22 % ont choisi l’option B pour passer la certification. »

 

Le responsable de l’association HVE développement souligne également que cette option était à l’époque portée par les ONG, et notamment France Nature Environnement (FNE), pour « soutenir les exploitations calées dans le tissu économique, valoriser la vente directe, la production sous SIQO, la diversification, etc. »

 

Néanmoins, Laurent Brault confie qu’une réflexion est en cours pour adapter le seuil du ratio intrants/chiffre d’affaires en fonction des filières. « On ne remet pas en cause qu’il faille améliorer le cahier des charges, explique-t-il. Mais il faut l’adapter pour qu’il puisse s’adapter à toutes les filières. » Un travail serait également en cours pour certifier les exploitations apicoles ainsi que les marais salants, qualifiés récemment d’activité agricole.

 

Un label qui n’est pas moins disant

Dans son rapport, l’Iddri pointe également du doigt le peu d’exigences que demande la voie de certification A, basée sur cinq indicateurs. L’Iddri explique notamment que l’indicateur « biodiversité » ne demande qu’un minimum de 10 points sur 43 points cumulables.

 

« Le dispositif n’est pas fait pour atteindre ces 43 points, explique Laurent Brault. Tous les critères ne peuvent pas être cochés : si j’ai 100 % de prairies permanentes, je gagne 7 points. Mais je n’en aurais aucun pour la diversité d’assolements. »

 

L’Iddri regrettait également que « 10 mètres linéaires de haie ou de bande enherbée de 5 mètres de largeur suffisent sur 1 hectare, pour atteindre le critère biodiversité ». De plus, le calcul basé les équivalences surfaciques serait, selon l’Iddri, plus favorable que celui en vigueur dans le cadre du verdissement de la Pac.

 

« Comme ils [les auteurs, NDLR] n’ont pas toutes les clefs, ils sont persuadés que le dispositif est moins disant, notamment vis-à-vis de la Pac. C’est aberrant ! Sinon, davantage d’exploitations seraient certifiées HVE, souligne Laurent Brault. Pour remplir les conditions de verdissement de la Pac, les exploitations se sont majoritairement tournées vers des cultures dérobées. Avec la HVE, nous réfléchissons à la mise en œuvre de structures agroécologiques, d’où la valorisation des haies. »