La loi d’orientation des mobilités entrée en application en avril 2020 prévoit les premières restrictions de circulation sur le territoire des 33 communes de l’Eurométropole de Strasbourg à partir du 1er janvier 2022. Elles concerneront les véhicules non classés et classés en Crit’Air 5, considérés comme les plus polluants, notamment à moteur diesel. Elles finiront par s’appliquer aux véhicules Crit’Air 2 en 2028. Industriels, commerçants, artisans et exploitants agricoles sont aux premières loges pour adapter leurs flottes de véhicules.

 

« Au moins 450 agriculteurs bas-rhinois (hors viticulteurs) livrent en direct des magasins ou vendent sur les marchés strasbourgeois. Des camions qui n’appartiennent pas forcément aux entreprises pour lesquelles ils travaillent, desservent un abattoir, collectent des producteurs de lait et de betteraves, transportent des céréales vers les silos portuaires sur le Rhin, à l’est de la ville. 70 % des véhicules qu’ils utilisent sont classés Crit’Air 2, les autres sont plus loin dans la grille », énumérait Denis Ramspacher, président de la chambre d’agriculture de l’Alsace, mardi 29 juin lors d’une conférence de presse réunissant responsables de Strasbourg Eurométropole et monde économique.

Un monde à deux vitesses ?

« Beaucoup d’agriculteurs ne sont pas au courant du changement qui doit s’opérer. Ceux qui le sont s’interrogent. Un gros effort d’information est à fournir avant d’envisager des solutions de remplacement ou de mutualisation des livraisons si c’est possible. De toute façon, c’est toute une organisation logistique qui est à revoir », analyse Aude Forget, responsable des circuits courts à la chambre d’agriculture.

 

Cette transition énergétique qui tient du casse-tête touche les exploitations par un autre biais : comment les salariés agricoles pourront-ils se déplacer dans l’Eurométropole pour se rendre chez leur employeur ? Denis Ramspacher, comme ses autres collègues consulaires, craint une déperdition de la main-d’œuvre qui est déjà difficile à trouver en temps ordinaire, voire un « monde économique à deux vitesses » entre les entreprises actives sur le territoire de l’Eurométropole et celles exerçant dans le reste du Bas-Rhin.

Un processus progressif

« Il n’est pas question de faire de l’écologie punitive. La ZFE ne doit pas empêcher de travailler, répond Pia Imbs, présidente de l’Eurométropole de Strasbourg. Le processus sera progressif avec des bilans d’étape pour juger de la qualité de l’air et l’état du parc. » D’ici à la fin de l’été, l’Eurométropole doit publier le chiffre de « l’enveloppe conséquente » qu’elle mettra sur la table chaque année pour aider au renouvellement des véhicules.

 

Ces sommes se cumuleront avec les aides de l’Etat. À court terme, la collectivité accordera des dérogations (il est question de trois ans renouvelables) dans les situations où il n’existe pas d’alternative aux véhicules actuels. Les camions frigo qui stationnent sur les marchés rentrent par exemple dans cette catégorie.