Si la loi Egalim 1 a été « un échec », c’est à cause de la « LME (loi de modernisation de l’économie) ». C’est ce qu’a avancé Michel Biero, le directeur exécutif des achats de Lidl France, le 1er mars 2022 à l’occasion d’une table-ronde organisée par Max Havelaar France.

 

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« On part de tarifs négociés sous le chapeau »

Il estime en effet que cette loi qui date de 2008 et qui régit notamment les négociations commerciales des marques nationales, qui représentent 75 % de l’alimentation française, entraîne de l’opacité et donc de la défiance. Il appelle dont à mettre fin à cette loi. « La France et la championne du monde des lois et on ne les comprend pas toujours ! »

 

Pour le patron de Lidl, le fait que le fait que le socle des prix soit fixé par les tarifs proposés par les industriels est une exception française non souhaitable « On part de tarifs négociés sous le chapeau et on doit négocier des services avec des centrales interservices situées à l’étranger », s’agace Michel Biero. « La LME et Egalim 1 ne peuvent pas coexister », insiste-t-il. Il appelle donc à « dégager » la LME, et juge que le monde agricole s’en porterait mieux.

 

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Des négociations déconnectées

« Sans prix équitable, on est tous vulnérables surtout le monde agricole », insiste Michel Biero. Le responsable des achats de Lidl France ne comprend d’ailleurs pas pourquoi il n’a pas le droit de vendre des produits à perte quand les agriculteurs le font depuis des décennies. Il appelle donc à interdire la vente à perte.

 

Il regrette aussi que ces négociations doivent se conclure à la fin du mois de février. Il considère que cette date est déconnectée de la réalité. Michel Biero explique qu’il négocie le tarif du vin en septembre et celui du blé au moment des récoltes. Il précise que dans les magasins Lidl les marques nationales ne représentent que 10 % des produits alimentaires.

Des réserves sur Egalim2

Avec son enseigne, Michel Biero a ainsi mis en place des contrats tripartites, notamment en viande porcine et en viande bovine. Pour la filière porcine, il regrette de ne pas avoir trouvé d’industriel français prêt à le suivre : « C’est un industriel en Belgique qui a accepté ce contrat. »

 

Concernant Egalim 2, le patron de Lidl ne tire pas encore de conclusions. Mais il regrette que les industriels puissent faire appel à un tiers de confiance. Il juge que certains se servent de cette solution pour préserver l’opacité sur la construction du prix. Il dit d’ailleurs ne plus négocier avec ces industriels.

 

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