Le ministre de l’Agriculture d’Irlande du Nord, Edwin Poots, a mis le feu à des braises qui ne demandaient qu’à s’enflammer. Partisan d’une ligne dure post-Brexit, il a ordonné à ses services de cesser mercredi 2 février 2022 à minuit les contrôles sanitaires sur les produits agroalimentaires arrivant dans les ports nord-irlandais. Cette décision a été dénoncée par les républicains du Sinn Fein et par Dublin (Irlande) comme violant le droit international.

 

Elle n’est pas anodine. Ces contrôles sont un des points essentiels des négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne après le Brexit. Ils ont été imaginés pour, à la fois, empêcher les trafics maritimes incontrôlés entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, qui ne forment plus un marché commun, et empêcher le rétablissement d’une frontière physique avec l’Irlande voisine. Cette éventualité, déjà difficile à mettre en œuvre, risquerait de fragiliser la paix conclue en 1998. Le protocole nord-irlandais maintient la province britannique dans le marché unique et l’union douanière européens, à condition que soient établis des contrôles douaniers entre les deux îles, l’Irlande et l’Angleterre-Écosse-Wales.

Instabilité politique

La province britannique se trouve dans une période d’instabilité politique depuis des mois à ce sujet. Les unionistes du DUP menacent de faire s’effondrer le gouvernement local en raison de leur rejet de ces dispositions douanières post-Brexit, qu’ils dénoncent comme une frontière en mer d’Irlande et une menace sur la place de la province au sein du Royaume-Uni. Le texte fait encore actuellement l’objet d’intenses négociations entre Londres et Bruxelles.

 

Cette fronde avait poussé l’ancienne Première ministre Arlene Foster (DUP) à quitter la tête du gouvernement et du parti avant l’été dernier. Elle avait été remplacée comme Première ministre par Paul Givan (DUP). Celui-ci a annoncé sa démission jeudi 3 février 2022 au soir lors d’une allocution à Belfast. La vice-Première ministre nord-irlandaise Michelle O’Neill perdrait par conséquent son poste, en vertu du partage de la gouvernance prévu par l’accord de paix du vendredi saint de 1998.

 

Bruxelles a déploré cette décision, qui crée « davantage d’incertitude et d’imprévisibilité pour entreprises et citoyens en Irlande du Nord ».

 

Les élections locales en mai 2022 s’annoncent à haut risque pour le DUP, devancé dans les sondages par le Sinn Fein, favorable à un référendum sur l’unification de l’île d’Irlande.