«Le sanglier est devenu un véritable fléau dans notre département. Chaque année, sa population augmente. Il détruit nos cultures, nos prairies et met en péril nos exploitations. » Comme beaucoup d’autres agriculteurs ardéchois, Benoit Breysse, arboriculteur et éleveur allaitant à Prades, est exaspéré. « Les mesures actuelles pour lutter contre cet animal ne suffisent plus et peuvent vite être épuisantes, explique-t-il. Moi-même, qui suis chasseur, je n’y trouve parfois plus aucun plaisir dans ces conditions. »
Le jeune agriculteur s’est donc inscrit à la formation « Piégeage de sanglier », proposée par la chambre d’agriculture de l’Ardèche, pour « savoir construire un enclos et être opérationnel dès qu’on nous donnera l’autorisation de piéger ».
Dans le département, ce moyen de lutte est très réglementé. La capture de sanglier par piégeage n’est autorisée que dans le cadre de mesure de destruction administrative, prise par arrêté préfectoral et élaborée sous la responsabilité de lieutenants de louveterie.
« Le sanglier est le seul mammifère classé parmi les espèces animales susceptibles d’occasionner des dommages que les piégeurs agréés ont interdiction de piéger. Une dérogation a été accordée dans soixante-huit communes du Gard pour la saison 2017-2018. Nous aimerions obtenir la même, explique Daniel Vernol, élu responsable du dossier à la chambre d’agriculture. L’effort de chasse est réel en Ardèche, mais la chasse seule n’est pas suffisante pour baisser les dégâts et les populations de sangliers. Le piégeage est un moyen complémentaire, qui a fait ses preuves et qui pourrait être parfaitement mis en œuvre par des piégeurs agréés, comme des agriculteurs qui auraient suivi une formation spécifique. »
Simple et efficace
Patrick Vialle, maraîcher à Ucel, en zone périurbaine, chez qui les participants ont visité un enclos piège, a obtenu l’autorisation de destruction administrative par piégeage en 2017. « Une horde de sangliers a dévasté mes parcelles, raconte-t-il. J’ai perdu, entre autres, 16 000 salades et plus de 15 000 mottes de mâche. La mise en place d’un piège m’a été accordée par le préfet dans la foulée. Dès la première semaine d’utilisation, vingt-cinq sangliers ont été capturés. Au total, quarante-sept ont été piégés. Preuve que le système fonctionne. » L’enclos de 50 m² a été entièrement autoconstruit, avec l’aide de l’association « Ras le bol des sangliers », pour un coût de 400 €. « Cela m’a enlevé beaucoup de stress, confie le maraîcher. Je n’ai plus à passer mes soirées à faire des rondes. Il me suffit d’aller voir l’enclos. S’il y a un sanglier dedans, j’appelle le lieutenant de louveterie pour qu’il vienne l’abattre. C’est simple et efficace. » Reste à assouplir le cadre réglementaire. Camille Penet