« Le sol c’est ce qui capte le plus le carbone sur notre planète après la mer, et beaucoup plus que ne le fait la forêt. Et pour autant, on a réussi à créer des dispositifs de compensation carbone qui ont permis de créer de la valeur en faisant des crédits carbone forestiers ou de l’agroforesterie, et on ne l’a pas fait pour la captation de carbone dans le sol », estime le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie.
« C’est pourtant l’ingénieur forestier qui le dit »
« On n’a pas su imposer le sol comme le puits de carbone le plus important sur notre planète, on a laissé la forêt l’emporter sur le sol, et c’est pourtant l’ingénieur forestier qui le dit et vous connaissez mon amour pour la forêt, ajoute le ministre de l’Agriculture, invité du colloque de La coopération agricole consacré au thème de la « zéro émission nette » qui s’est déroulé le 18 février 2021. La forêt a mangé le sol. Il faut que le sol redevienne le puits de carbone et que ça soit valorisé ainsi ».
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« Il y a des pratiques culturales qui concourent à ces réductions. C’est le rôle de chacun de la coopération, des pouvoirs publics d’accompagner », ajoute-t-il. Le ministre préfère militer pour le « volontarisme collégial » plutôt que pour le recours à la contrainte et à la subvention pour inciter les agriculteurs à adopter ces pratiques culturales. Comment ? En les transformant « en crédits carbone valorisés sur des marchés qu’ils soient obligatoires ou volontaires ».
« Un certain nombre de choses sont à inventer »
Julien Denormandie avoue pour autant que le sujet est « gros » et « compliqué ». « Car il faut certainement inventer un certain nombre de choses », précise-t-il tout en appelant le monde agricole à être « offensif ».
« Il y a un gros travail à faire avec le monde agricole pour créer ces crédits carbone. Pour ça, on a fait une grosse avancée avec le label bas carbone qu’on vient de finaliser avec différentes méthodologies ».
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« C’est une grosse avancée car ça y est, on a le substrat scientifique et donc économique pour créer cela, a commenté le ministre. Il faut qu’il y ait la demande, le produit financier qui vient d’instituts de financement ou d’entreprises ».
Julien Denormandie a notamment cité l’exemple des compagnies aériennes. « Dans le projet de loi convention citoyenne pour le climat, il y a une proposition qui vise à dire que les compagnies aériennes devront compenser en carbone leurs émissions. Et quand on en parle, c’est toujours le même réflexe : est-ce que ces compagnies aériennes vont financer par exemple l’implantation de forêts », s’interroge le membre du gouvernement.
« Moi, ce dont j’ai envie c’est que ces compagnies aériennes puissent venir financer des pratiques culturales, qui sont les nôtres et qui viennent capter du CO2 dans le sol. Le sol a trop été un impensé », conclut Julien Denormandie.