Au rythme actuel, atteindre la neutralité carbone en 2050 relève du fantasme. C’est pourtant l’objectif poursuivi par l’Union européenne, afin d’assumer sa part dans la limitation du réchauffement planétaire. Un sujet qui « chauffe » : les cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, rappelle Bruxelles dans une communication ce jeudi.
Pas sur la bonne trajectoire
D’après la Commission, l’Union européenne est sur la bonne voie pour atteindre son objectif climatique à l’horizon 2030 : une baisse de 40 % de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport à 1990. En revanche, la prolongation de cette trajectoire n’aboutirait qu’à une baisse de 60 % des émissions en 2050… Loin, donc, de l’ambition du zéro émission nette.
Pour redresser la trajectoire, Bruxelles propose un nouvel objectif plus ambitieux pour 2030, en visant une baisse de 55 % des émissions de GES. Son plan climat pour 2030, présenté ce jeudi 17 septembre 2020, comprend une proposition modifiée de loi européenne sur le climat (1) visant à y inscrire ce nouvel objectif, ainsi qu’une analyse d’impact et une évaluation à l’échelle européenne des plans nationaux en matière d’énergie et de climat.
Une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne ?
Si le relèvement de cet objectif nécessite des investissements (30 % du budget de l’Union et du plan de relance devraient d’ailleurs être fléchés vers l’action climatique), Bruxelles table aussi sur des gains à long terme, comparés à l’inaction climatique : gains dans les dépenses de santé publique avec une réduction de 60 % de la pollution de l’air, économies liées à la réduction des importations de combustibles fossiles, etc.
De plus, pour éviter toute distorsion sur le commerce international, « la Commission proposera, pour certains secteurs, un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières conforme aux règles de l’OMC », indique Bruxelles.
Le rôle essentiel de l’agriculture et la forêt
L’agriculture et la forêt « sont essentielles à la réalisation de l’objectif global de zéro émission nette de GES d’ici à 2050 », indique la Commission, qui souligne le « rôle important à jouer dans le stockage du carbone ».
Selon Bruxelles, un soutien aux investissements et à l’innovation doit permettre à ces secteurs d’« atteindre la neutralité climatique et commencer à générer des absorptions de carbone d’ici à 2035 ». Elle y voit une « opportunité commerciale pour les agriculteurs ».
(1) la loi européenne sur le climat définit l’orientation à long terme de toutes les politiques de l’UE en matière de climat et établit l’obligation juridique de l’Union de parvenir à la neutralité climatique d’ici à 2050