LFDay, le premier grand salon Agtech, organisé le 1er juin à Paris, n’a pas seulement fait la part belle aux start-ups du digital et du numérique, mais à toutes les initiatives susceptibles d’apporter de l’autonomie aux agriculteurs. Ce fut le cas avec Guillaume Voineau, exploitant en Vendée, invité à s’exprimer lors de la table ronde sur la distribution agricole.
Les catalogues à l’index
À la recherche de leviers pour faire des économies, cet agriculteur à la tête d’un troupeau de 140 vaches laitières et qui cultive 200 hectares s’est lancé il y a quelques années sur Agri Achat, une plateforme d’achats groupés créés par des agriculteurs, pour des agriculteurs. Initié par la FDSEA, le projet a débuté avec de l’achat groupé de paille.
« Puis on s’est rendu compte qu’on servait de référence de prix sur le département. Donc on a continué. » Et depuis trois ans, la plateforme se charge aussi de grouper les achats de fuel, à hauteur de 250 000 litres par semaine, mais aussi de bottes de sécurité jusqu’aux bâtiments agricoles. « L’agriculteur ne veut plus attendre son commercial habituel qui vient en plus avec un catalogue sur lequel il ne retrouve pas toujours les produits qu’ils désirent », décrit-il.
« Il veut qu’on s’adapte à ses besoins. C’est surtout des conseils que l’on recherche, a-t-il poursuivi. Les agriculteurs ont autre chose à faire que de passer leur temps à négocier des produits. Ce qui ne signifie pas pour autant, a-t-il ajouté, la disparition des acteurs traditionnels de la distribution agricole, mais leur adaptation, voire leur mutation. »
Coconstruction entre le traditionnel et le digital
Pour Paolin Pascot, PDG d’Agriconomie, site d’e-commerce spécialisé dans les produits agricoles, et participant à la table ronde : « On aura toujours besoin de technico-commerciaux, de coopératives et d’organisations spécialisées qui ont une forte expérience, mais l’agriculteur est aujourd’hui en capacité de prendre une partie de ces décisions de manière autonome sur son exploitation. »
Et pour parvenir à le satisfaire, le jeune entrepreneur plaide en faveur d’une « coconstruction » entre le traditionnel et la nouvelle économie digitale numérique. « Aujourd’hui, tous les acteurs traditionnels sont en train de remonter leurs manches en même temps que les jeunes entreprises comme les nôtres. »
« Plus de conseillers agronomes que de commerciaux »
« Je pense qu’on va avoir besoin plus de conseillers agronomes que de commerciaux, a expliqué Paolin Pascot. L’agriculteur est en capacité de trouver tous les produits dont il a besoin, via des groupements ou des plateformes d’e-commerce. Mais il faut désormais des gens en capacité de pouvoir leur répondre techniquement de manière forte. »
Convié à la table ronde, aucune coopérative et négociant, pourtant bien présents sur le salon, n’a souhaité y participer, ont indiqué les organisateurs de la Ferme Digitale.
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