Présent depuis cinq ans en Bourgogne-Franche-Comté, le loup se sédentarise. Les attaques se multiplient sur les ovins, les caprins et les jeunes bovins. Depuis le 7 mai 2019 au moins 800 moutons ont été tués dans la Saône-et-Loire. "Au début, le loup attaque pour se nourrir, observe Alexandre Saunier, producteur ovin dans le Charolais. Puis il fait de « l’overkilling » : il attaque juste pour tuer." C’est ce qu’il a fait sur la troupe de la famille Bonnot à Champlecy, malgré la présence de louvetiers sur la commune. "Il faut l’avoir vécu pour comprendre ce que c’est, lance en colère, Bernard Bonnot, dont 17 brebis avec agneaux ont été sauvagement mutilés l’été 2022."

Frappés au plus profond de leur identité

Les attaques du loup frappent les éleveurs au plus profond de leur identité et du sens qu’ils donnent à leur métier. Pour faire entendre leurs voix, la chambre régionale d’agriculture a réalisé un film disponible sur Youtube intitulé : "La parole aux éleveurs : La prédation par le loup en BFC". Aline Bonnot, fille de Bernard et de Denise, associée non exploitante de l’EARL familiale et directrice de l’OS moutons charollais souligne : "On voudrait nous faire croire que le loup apporte la biodiversité. En réalité, le prédateur prépare la mort d’un système d’élevage à l’herbe vertueux. Pourquoi les décideurs écoutent-ils plus les gens des villes qui apprennent la nature dans les livres, plutôt que nous qui la vivons au quotidien ? Comment la mise à l’herbe se passera-t-elle au printemps ?"

À la mi-janvier, une demi-douzaine de constats d’attaques ont déjà été établis par l’OFB (Office français de la biodiversité) dans le département. Alors que la politique de protection des troupeaux menée par l’État atteint ses limites et que le plan national loup doit être révisé, les réalisateurs du film espèrent que ces témoignages contribueront à porter la voix des agriculteurs. "En tant qu’éleveur, on ne peut pas se lever le matin en se demandant combien d’animaux auront été tués au cours de la nuit", souligne la famille Bonnot.