Des grillades de cheval, c’était le menu proposé par le food truck d’Interbev au Sommet de l’élevage (1). "Le camion, installé près de la carrière de démonstration, a reçu un bon accueil d’un public varié, souligne Marianne Orlianges, de l’interprofession équine. La viande était issue de poulains de races locales de trait. Même si la consommation de cette viande est parfois décriée, les lycéens et étudiants présents sur le salon n’avaient pas d’a priori négatif. Les éleveurs de chevaux de trait, qui ne sont pas forcément des consommateurs, ont pu aussi découvrir cette viande."
Cette action est complémentaire des animations organisées avec des éleveurs dans des magasins Auchan de Cambrai, dans le Nord. Les carcasses de deux poulains ont été vendues. L’ambition est de relancer les habitudes de consommation d’une viande locale en particulier. "Sans finalité bouchère, le cheval de trait n’existerait pas, souligne Guy Arestier, éleveur dans le Lot, président d’Interbev Équin. L’utilisation du cheval pour le travail reste marginale. Nous pouvons réellement gagner des parts de marché. À l’heure où la tendance est à la souveraineté alimentaire, nous avons une carte à jouer."
Consommation en baisse
Comme toutes les viandes, la consommation de cheval est en perte de vitesse. D’après le panel Kantar, les achats des ménages ont reculé de 5,2 % en 2021 par rapport à 2020. La baisse est toutefois moins marquée que lors de l’année précédente qui avait enregistré une chute de 11,5 %. "Historiquement, le profil type de l’acheteur de viande équine est issu d’un milieu populaire, décrit Marianne Orlianges. Il consomme une viande rouge provenant de l’importation. L’ambition d’Interbev équin est donc de relocaliser la production et la consommation."

Le prix sur les étals peut également représenter un frein alors que les budgets sont malmenés. En 2021, il s’affichait à 18,49 €/kg, en augmentation de 2,2 % par rapport à 2020. La viande chevaline est toutefois majoritairement commercialisée par des distributeurs spécialisés (artisans) à la différence du bœuf par exemple. Il y a davantage de pièces à griller, plus onéreuses, que de morceaux à bouillir.
En ferme ou sur les marchés, les tarifs des poulains destinés à la boucherie ou à l’engraissement se tiennent entre 2,80 et 3,00 €/kg vif cet automne. La majorité des chevaux de trait nés en France part à l’exportation. L’Italie est toujours notre principal client. Le pays renforce même ses achats au cours des dernières années.

"La demande du Japon continue d’être dynamique, ajoute Marie Fouquier, d’Equid’Export. Le Covid, puis la guerre en Ukraine ont bouleversé les envois des chevaux vifs par avion. Nous n’avons rien envoyé depuis le mois de février, mais un départ est prévu prochainement." L’espoir est de retrouver, le plus rapidement possible le niveau d’exportation de 2019 et surtout de profiter des relations commerciales déjà engagées pour éventuellement développer des ventes de viande et réduire l’impact carbone de ces exportations.
(1) À Clermont-Ferrand du 4 au 7 octobre 2022.