La filière du roquefort estime que le classement Nutri-Score n’est pas adapté à son appellation d’origine contrôlée. Elle demande son retrait de ce système, « aux intentions louables » par ailleurs. Elle sollicite un soutien d’Olivier Véran, ministre de la Solidarité et de la Santé, pour appuyer sa demande au niveau européen. Le tour du sujet en cinq questions.

  1. Le Nutri-Score, qu’est-ce que c’est ?

    Le Nutri-Score est un système d’étiquetage mis en place à l’initiative du gouvernement français en 2016. Il n’est pas obligatoire. Il est basé sur cinq lettres (A, B, C, D, E) et un code de couleurs, allant du vert au rouge, selon la qualité nutritionnelle de l’aliment. Il est affiché sur les emballages des produits alimentaires.

    Le Nutri-Score est également adopté en Belgique, Espagne et Allemagne. Il est recommandé par l’Organisation mondiale de la santé. Les pouvoirs publics et la Commission européenne envisagent de le rendre obligatoire sur tous les produits pré-emballés en 2022.

  2. Quel est le problème pour le roquefort ?

    Le Nutri-Score du roquefort, comme de la grande majorité des fromages, est de D ou E, soit « le moins favorable sur le plan nutritionnel », selon le programme national nutrition-santé.

    « C’est paradoxal. Des produits industriels ultra-transformés avec des conservateurs peuvent avoir A ou B, alors que nos produits de terroir très naturels sont stigmatisés », pointe Sébastien Vignette, secrétaire général de la Confédération générale de roquefort, soutenu par des élus de l’Aveyron et de l’Occitanie, où est produit le roquefort.

    « On ressent un sentiment d’injustice, nous sommes les héritiers de recettes ancestrales, avec un cahier des charges garant de qualité », explique Sébastien Vignette. Le patron de l’interprofession du roquefort voit dans le Nutri-Score un « logo simpliste ». « On vit une drôle d’époque où la complexité, la nuance ont rarement leur place. L’équilibre alimentaire, l’histoire de nos produits, c’est pas ça. »

  3. Que veut l’interprofession du roquefort ?

    Par la voix de Sébastien Vignette dans un communiqué du 11 octobre 2021, l’interprofession du roquefort demande « d’exempter le roquefort de toute forme de Nutri-Score. Cet étiquetage n’a de sens que pour les produits très transformés. Il est inapproprié aux aliments sous indication géographique, très peu transformés et pour lesquels un cahier des charges interdit l’évolution de la recette traditionnelle. »

  4. Combien de personnes ce sujet concerne-t-il ?

    Outre les consommateurs eux-mêmes, qui décident d’acheter en dernier ressort, la question que pose la filière du roquefort touche, selon l’interprofession, 3 500 éleveurs et 2 000 personnes travaillant dans les fromageries du pays de Roquefort. 7 000 tonnes de roquefort sous appellation sont produites chaque année. Un quart est exporté.

  5. Les autres fromages sont-ils concernés ?

    La grogne exprimée en Aveyron est partagée par d’autres producteurs de fromage en France. Sébastien Vignette met en avant qu’il n’y a pas de « problème de surconsommation de fromage en France » et que Santé publique France ne devrait pas mettre à l’index « le roquefort et les autres fromages de qualité AOP ».

    Il demande au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation ainsi qu’au ministre des Solidarités et de la Santé « d’appuyer leur demande auprès des instances européennes afin d’exclure toutes les indications géographiques protégées du futur dispositif souhaité par l’Union européenne ».

Éric Young, d’après l’AFP