Même si ce ne sont que des hypothèses, les scénarios présentés par le ministère suscitent de l’inquiétude de la Fédération nationale bovine (FNB), section spécialisée de la FNSEA. D’autant que d’éventuelles compensations, via les écorégimes pour le maintien des prairies permanentes par exemple, ne sont pas chiffrées.
Dans la mesure où l’enveloppe des aides couplées (actuellement de 13 % + 2 % pour les protéines végétales) est constante et fermée, toute hausse d’une aide entraînera forcément la baisse d’une autre. Et encore faut-il que Bruxelles valide une enveloppe de 13 % + 2 % pour les paiements couplés, ce qui n’est pas encore acquis.
Une redistribution des aides défavorable aux éleveurs
En admettant que cette enveloppe reste à 13 % + 2 % (hypothèse favorable), si le choix est fait de doubler les soutiens aux cultures riches en protéines, il faudra piocher dans les aides animales. Selon ce scénario, les protéines végétales qui bénéficient de 140 M€ (millions d’euros) passeraient à 280 M€ (soit 4 % des aides directes), pour conforter les soutiens existants aux protéines fourragères et créer une nouvelle aide pour les légumes secs destinés à la consommation humaine. Les 140 M€ nécessaires au doublement de cette enveloppe pourraient être pris sur l’enveloppe actuelle de 870 M€ des aides animales, qui passerait à 730 M€. Soit une baisse moyenne de 16 % pour ces dernières.
Est également sur la table la possibilité de créer une aide couplée aux légumes et petits fruits, d’un montant de 2 000 €/ha, centrée sur les petits producteurs, pour des surfaces de 3 ou 4 hectares au maximum. Si cette option est retenue, et selon les hypothèses, un budget de 5 M€ à 13,4 M€ serait nécessaire pour ces nouveaux soutiens.
L’accès aux aides animales pourrait être modifié
Autre projet à l’étude : modifier les conditions d’attribution des aides bovines, en passant d’une aide à la vache allaitante ou laitière, à une aide à l’UGB, plafonnée à 100 UGB bovines de plus de seize mois, dans le respect d’un chargement de 1,4 UGB/ha de surface fourragère. Ce qui serait sûrement favorable aux bovins à lait, mais pénalisant pour les grands troupeaux allaitants.
La FNB s’insurge contre de fortes pertes
Selon les simulations de la FNB, ce scénario engendrerait une perte de 250 M€ de soutiens pour les éleveurs allaitants : « Les éleveurs pourraient perdre 40 % à 60 % de leurs aides aux bovins allaitants (ABA) à cause des prélèvements pour les protéines végétales et des nouvelles modalités d’attribution à l’UGB », alerte Guillaume Gauthier, secrétaire général adjoint de la FNB et président de la section de la Saône-et-Loire.
À cela s’ajoute la possible poursuite de la convergence des DPB, qui pourrait, selon les scénarios, passer de 70 % actuellement, à 85 % voire 100 % : « La convergence pénaliserait les systèmes de naisseurs-engraisseurs de l’Ouest, avec des DPB plus élevés que la moyenne », poursuit Guillaume Gauthier. Pour la section des éleveurs allaitants de la FNSEA, ces scénarios suscitent une incompréhension totale, alors même que leur production est en « urgence absolue », avec un revenu reposant entièrement sur les soutiens de la Pac.
Les Éleveurs de races à viande du Grand Massif central, appuyés par la FNB, appellent à des manifestations le 25 mars 2021 à Clermont-Ferrand et à Lyon pour dénoncer un « réel plan social de suppression de l’élevage allaitant que l’État organise ».