« C’est désormais le ministre de l’Économie qui a pris en charge les négociations pour le Brésil, et non celui des Affaires étrangères comme c’est normalement l’usage », rapporte Pierre Chabrol, également représentant suppléant de la France au comité de la politique commerciale au Conseil de l’Union européenne, lors de la conférence des marchés mondiaux de la viande bovine organisée par l’Institut de l’élevage le 6 juin 2019 à Paris..

 

Le spécialiste ne le cache pas : « L’augmentation des quotas de viande bovine fait partie des objectifs prioritaires des pays du Mercosur (1). C’est très clair. […] Pour l’Union européenne, les intérêts économiques sont majeurs. Dans un Mercosur très protectionniste, il s’agit pour les entreprises exportatrices de prendre un avantage concurrentiel en privilégiant les envois depuis l’Europe, au lieu d’investir dans des infrastructures sur place. »

« 70 000 tonnes de viande bovine sur la table »

Si Pierre Chabrol confirme qu’« un contingent important de 70 000 t est sur la table des négociations », il assure que les volumes importés « devront respecter les normes européennes existantes, et répondre aux contrôles vétérinaires ». Un discours qui n’a pas convaincu Guy Hermouet, président de la section bovine de l’interprofession du bétail et de la viande (Interbev). « Jamais ces pays ne seront capables de produire avec les mêmes exigences qu’en France », s’agace-t-il.

 

Alors qu’un accord pourrait prochainement aboutir, « la France s’attache à ce que les concessions soient limitées et encadrées sur les produits agricoles, et incite à ne pas se précipiter, souligne le pensionnaire de Bercy. L’accord avec le Mercosur est en discussion depuis vingt ans, nous pouvons donc attendre encore quelques semaines supplémentaires, voire quelques mois. »

« Les accords commerciaux vont se multiplier »

Dans un contexte de montée des tensions commerciales, « l’Union européenne va continuer de multiplier les accords bilatéraux et commerciaux, avance Pierre Chabrol. Ils permettent de nouer des relations stables, réglementées et prévisibles pour les entreprises exportatrices, malgré la fragilisation l’Organisation mondiale du commerce (OMC). »

 

Car son analyse du contexte mondial est sans appel. « Les différends commerciaux, à l’image de celui qui anime la Chine et les États-Unis sont partis pour durer, avec parfois, une dangereuse logique d’escalade. C’est aujourd’hui la toile de fond des relations économiques et diplomatiques à l’international. »