250 d’éleveurs et négociants, venus de l’Auvergne, de l’Aveyron, et même d’autres régions, ont manifesté le jeudi 23 décembre 2021 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Ils étaient rassemblés sous la bannière « Agriculteurs et négociants solidaires ».
Ce collectif asyndical s’est initialement formé dans l’Aveyron et le Cantal pour contester l’obligation de contractualisation applicable au 1er janvier 2022 par la loi Egalim 2 à certaines catégories de bovins à viande (1).
« Une étincelle qui va allumer une mèche »
Selon les manifestants, l’objectif est « est de garder notre liberté dans le commerce de nos animaux. Notre filière est trop complexe pour supporter des contrats obligatoires écrits et pluriannuels sur trois ans. La majorité des éleveurs ignorent ce qui va s’appliquer au 1er janvier 2022 ! » Une pétition de soutien au mouvement a également été mise en ligne.
Pour Jean-Paul Boyer, négociant dans l’Aveyron et membre actif du collectif, « cette première manifestation est une étincelle qui va allumer une mèche. Éleveurs et négociants doivent se retrousser les manches pour sauver leurs métiers ! »
Des mesures « inadaptées » à l’exercice du métier d’éleveur
« Nous réfutons l’obligation de signer des contrats sur trois ans, insiste le négociant. La contractualisation doit rester un acte volontaire. Et les éleveurs manquent d’informations sur une loi promulguée en quatre mois sans qu’ils soient concertés. »
Cet avis est partagé par les éleveurs présents ce 23 décembre. Un groupe d’éleveurs est même venu du Tarn pour exprimer son inquiétude de voir disparaître « un élevage qui meurt chaque jour davantage en France » avec ces mesures « inadaptées à l’exercice de ce métier ». Ils regrettent également de « ne pas avoir été informés de ce qui se décidait pour l’ensemble de la profession par une minorité peu communicante ».
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Une « atteinte à la liberté de commercer »
Pour un éleveur venu de la Saône-et-Loire accompagné d’un jeune négociant, la contractualisation obligatoire est une « atteinte à la liberté de commercer » et elle « condamne la concurrence, le négoce privé et la motivation des éleveurs ». Une position partagée par l’ensemble des manifestants en témoignent les slogans apposés sur les camions présents à la manifestation.

« Rendre une contractualisation obligatoire sur trois ans est inadapté à la vente des broutards qui partent à plus de 80 % à l’exportation. Une loi franco-française fera-t-elle changer le marché de la viande en Italie, en Grèce ou en Algérie », s’interrogent les manifestants. Ils revendiquent haut et fort la possibilité de rester libres de leur choix pour commercer des animaux qu’ils élèvent et qui sont leur propriété.
L’avenir des marchés aux bestiaux serait aussi fortement remis en cause dans l’application de la loi Egalim 2 en l’état, comme s’en inquiètent des éleveurs présidents de marchés de la Saône-et-Loire et de la Haute-Loire. Les membres du collectif asyndical sont bien décidés à poursuivre leur message d’alerte sur « cette privation d’une liberté indissociable de leurs métiers ».
La Fédération française des commerçants en bestiaux (FFCB) se positionne clairement en faveur de la loi Egalim 2 et d’une contractualisation entre éleveurs et acheteurs sur la base du volontariat. Elvea France s’est pour sa part « désolidarisé de toutes manifestations anticontrats et anti-Egalim 2, en s’engageant à accompagner au mieux le dispositif pour que tous puissent se l’approprier ».
(1) Pour rappel, l’obligation de contractualisation exigée par la loi Egalim 2 s’appliquera dès le 1er janvier 2022 aux bovins mâles non castrés de 12 à 24 mois, aux vaches et génisses à viande ainsi qu’aux bovins sous signe officiel de qualité.