Face à la crise des matières premières, la tension monte au sein de la filière laitière. « Les éleveurs vendent depuis des années leur production en dessous de ce qu’elle leur a coûté ! En cette fin de 2021, il n’est plus question de réduire nos marges, mais d’accélérer les faillites ! », scande l’Association des producteurs de lait indépendants (Apli), dans une tribune diffusée le 15 décembre 2021.
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Les éleveurs restent « la variable d’ajustement »
« À l’Apli, nous avons bien relu nos payes de lait, et nous sommes formels : les prix de base imposés aux producteurs en cette fin d’année sont de 33 à 39 centimes le litre. Bien loin de ce dont les industriels sont capables lorsque le lait manque », déplore l’association.
En cette période troublée, l’Apli charge certains transformateurs d’utiliser leurs producteurs de lait comme « l’éternelle variable d’ajustements » de leurs propres marges.
« Le système est en panne »
L’association remet en cause l’arsenal législatif en place, censé protéger le maillon production. « Les marchés RHD et nos exportations européennes comme internationales ne sont pas pris en compte par [les mesures Egalim] et vont continuer à tirer les prix vers le bas. »
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Est également dénoncé le rapport de force déséquilibré entre les producteurs et leurs transformateurs. « Vous n’êtes pas d’accord avec le prix qui vous est proposé ? Pas de problème : ils casseront les négociations et iront voir ailleurs. Pourquoi pas à l’étranger ? » met en scène l’Apli. La « mise en place d’OP transversales et interpays en Europe » pourrait changer la donne, du point de vue de l’organisation.
Enfin, l’association de producteurs milite pour une meilleure maîtrise des volumes produits. « Plutôt que de régler nos problèmes ici en augmentant le prix payé aux producteurs grâce au mécanisme de régulation qui a déjà fait ses preuves en 2016, on préfère les exporter tels quels » et « sans plus-value. » Sont notamment ciblées les exportations européennes de poudre de lait en Afrique de l’Ouest.
Résultat, « même les éleveurs bio ne s’en sortent pas, et pour eux comme pour les autres : pas assez de jeunes pour reprendre les exploitations tandis que d’autres déclarent faillites. »
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