Au fil des années, les trois frères Rocher ont vu la situation cellulaire se dégrader sur leur élevage, à Cortambert, en Saône-et-Loire. Au début de 2020, ils font appel à leur conseiller pour inverser la tendance. Ce dernier les met en contact avec Laurent Courtot, d’Acsel conseil élevage et de la chambre d’agriculture locale. L’expert a travaillé sur le plan mammites national (voir l’encadré).
Pénalités 9 mois sur 12
Sur les 12 mois précédant la première visite d’élevage, en février 2020, l’incidence clinique globale était de 38 % (38 mammites pour 100 vaches présentes). « De loin, notre premier poste de dépenses vétérinaires », indique Jean-Yves Rocher.
Sur la même période, le niveau cellulaire moyen s’élevait à presque 440 000 au contrôle de performances, et 320 000 sur le lait de tank. Pas de lait « hors normes », mais des pénalités appliquées 9 mois sur 12. À cela s’ajoutaient les pertes en lait liées aux délais d’attente ou à la baisse de productivité des vaches touchées. « Une mammite, c’est en moyenne 5 % de baisse de production sur une lactation », note Laurent Courtot. Voire pire, si l’infection a lieu précocement.
Tarissement revu
« Avec 14 % de nouvelles infections sur la période sèche et 16 % des vaches qui ont une mammite dans les 3 mois suivant le vêlage, les pratiques de tarissement ont rapidement été mises en cause », rapporte l’expert.
Après révision sur la pose des obturateurs, il a été convenu d’allonger la période de tarissement et d’opter pour un antibiotique à effet de longue durée. Une sécurité bienvenue, compte tenu de la situation cellulaire dégradée à l’échelle du troupeau. « Nous sommes passés de 45 à 60 jours pour les vaches douteuses », précise Jean-Yves.
Assainir le troupeau
Sur le volet traite, le vide était trop élevé au moment du décrochage. « Cela entraînait un traumatisme du trayon, accentuant les risques d’infection », explique Laurent Courtot. Les réglages ont été ajustés la semaine suivant cette découverte. La visite fut également l’occasion de revoir les critères de réformes des laitières, en vue d’assainir le troupeau. « Nous n’étions pas assez stricts », concède l’éleveur.
En plus des leviers identifiés avec le conseiller, les éleveurs ont revu leur copie sur le choix des taureaux, en accordant davantage d’importance à l’index de synthèse « santé mamelle ».
Lors de la seconde visite d’élevage, 9 mois plus tard, le taux de nouvelles infections au tarissement était redescendu à 6 %. Début 2022, l’ensemble des comptages cellulaires sur le lait de tank sont inférieurs à 100 000 et éligibles à des primes qualités. « Il ne reste qu’une petite dizaine de vaches à problème, contre presque la moitié du cheptel en 2019 », se réjouit Jean-Yves.
D’autres pistes ont été mentionnées lors de cette chasse aux cellules, sans être retenues : un paillage et un curage plus réguliers de l’aire paillée des taries ou encore la stabilisation du chemin d’accès aux pâtures, boueux quand vient l’automne. « Faisabilité et conditions de travail entrent aussi dans la balance ! »
Alexandra Courty