Coller davantage aux conduites actuelles d’élevage des systèmes bovins viande, toutes races confondues, c’est l’un des objectifs auxquels les partenaires du dispositif génétique français ont cherché à répondre. Cela se traduit par l’évolution du calcul des poids à âge type (PAT) des veaux jusqu’au présevrage. « La réalisation des pesées en élevages constitue, dans un certain nombre de cas, une contrainte forte pour le développement du contrôle de performances et donc du conseil », expliquent les experts de l’Institut de l’élevage (Idele) et de GenEval, dans une note Iboval (1) publiée en février 2022.
S’adapter aux contraintes de terrain
« Dans certaines zones ou systèmes d’élevage extensif, la pesée estivale peut s’avérer particulièrement délicate. Les éleveurs sont parfois rebutés à l’idée de rentrer les animaux en bâtiment à cette période de l’année », appuie Philippe Boulesteix, expert en génétique à l’Idele. Pour pallier ces difficultés, l’ensemble des partenaires ont réfléchi à l’élaboration d’un nouveau dispositif. Il consiste en une « refonte assez profonde » du calcul du PAT, « carburant » de base de l’évaluation du potentiel de croissance et de l’aptitude à l’allaitement des bovins allaitants.
Parmi les grands changements, le poids à la naissance notifié, ou celui calculé à partir du tour de poitrine déclaré, peut désormais être utilisé comme première pesée pour le calcul du PAT. Les nouvelles règles, qui se veulent plus souples pour satisfaire les attentes de terrain des équipes du contrôle de performances et des organismes de sélection (OS), prévoient aussi un élargissement des plages de pesées. Dorénavant, l’âge maximum de l’animal pour réaliser une pesée passe à 365 jours, l’écart maximum entre les deux pesées est élevé à 240 jours, et celui entre l’âge type et la pesée la plus proche est fixé à 45 jours.
Autre nouveauté, « le PAT n’a plus un effet immuable dans le temps », reprend Philippe Boulesteix. Après chaque pesée d’un animal, il est recalculé et donc potentiellement mis à jour. Ainsi, à chaque nouveau calcul, les pesées les plus pertinentes sont retenues afin d’obtenir la valeur la plus précise.
Gagner en fiabilité
Désormais, un indicateur de précision est aussi associé à chaque calcul de PAT, à 120 et à 210 jours, pour apprécier sa fiabilité. Les OS des neuf races concernées (aubrac, bazadaise, blonde d’Aquitaine, charolaise, gasconne des Pyrénées, limousine, parthenaise, rouge des prés, salers) ont pu se positionner sur le niveau de fiabilité de PAT à retenir pour les évaluations génétiques. « Ces nouvelles mesures, qui ont été mises en place cet hiver, confèrent aux OS une plus grande liberté de fonctionnement », indique Philippe Boulesteix.
« Bien que situé en amont des évaluations elles-mêmes, le cumul de ces modifications a et aura dans l’avenir des conséquences directes sur les index, en lien avec l’évolution des pratiques de pesées sur le terrain », préviennent les experts dans leur synthèse.
L. Pouchard
(1) Évaluation génétique des races bovines à viande sur les performances en ferme, dite « Iboval ».